Les premiers résultats du rapport Bronner

Installée en 2021 par le président Emmanuel Macron et pilotée par le sociologue Gérald Bronner, la commission « Les Lumières à l’ère du numérique » a rendu son rapport. Quatorze membres étaient chargés de réfléchir sur les défis que pose Internet pour la bonne santé de notre démocratie et notre accès à une information qualitative.

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Education aux médias et à l’information

Depuis juillet 2013, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) est intégrée dans le code d’éducation. L’article L111-2 stipule que la formation scolaire doit développer « les connaissances, les compétences et la culture nécessaires à l’exercice de la citoyenneté dans la société contemporaine de l’information et de la communication. » l’EMI enseignée aux plus jeunes doit ainsi leur permettre d’utiliser les médias et l’information avec discernement tant pour un usage personnel que dans un futur cadre professionnel.

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Besoins psychologiques et théories conspirationnistes

L’adhésion aux théories du complot n’est pas un fait récent mais la pandémie n’a fait qu’accélérer leur potentiel d’attractivité. Pour The Conversation, Teodora Drob, étudiante en doctorat de psychologie à l’Université du Québec à Montréal, tente de décrire et d’analyser les rapports entre nos besoins psychologiques et ces théories.

Les différentes théories complotistes semblent avoir un point commun : la subversion. En effet elles vont contester les explications officielles en mettant en cause des acteurs puissants et malveillants et en proposant des explications alternatives.

De nombreux chercheurs ont déjà démontré que la croyance en des théories conspirationnistes pourrait combler certains de nos besoins psychologiques. Tout d’abord la quête de sens : ces théories offrent des réponses à des situations incertaines. Des études ont permis de montrer que l’adhésion à ces théories est plus forte dans un cadre sociopolitique incertain. En outre, la tendance à croire aux phénomènes surnaturels ou paranormaux constitue un terreau propice à la croyance conspirationniste.

Ensuite ces croyances procurent un sentiment de sécurité aux individus qui ont l’impression d’exercer un contrôle sur leur vie notamment en rejetant les discours officiels. Ces théories vont aussi permettre à des individus d’accepter les problèmes sociétaux et de trouver un confort psychologique perdu.

Les théories conspirationnistes peuvent aussi apporter une valorisation de l’estime de soi et le sentiment d’appartenance à un groupe social. L’impression par exemple de détenir une vérité, des informations importantes, peut entrainer chez certains conspirationnistes une augmentation de leur estime de soi. Ce point montre que les théories du complot peuvent combler certains besoins sociaux.

Malgré ces potentiels bienfaits, les théories du complot engendrent davantage de frustration car elles vont souvent à l’encontre de ces besoins. Notamment du fait de leur négativité qui entraine des émotions négatives, contrariantes et appellent à une méfiance constante pouvant engendrer un sentiment d’impuissance. 

(Source : The Conversation, 07.12.2021)

Les jeunes séduits par les théories complotistes ?

Début décembre 2021, une étude réalisée par l’institut de sondages CSA pour Milan Presse a montré que 85% des 10-15 ans sont séduits par une théorie complotiste et environ un quart estime que les médias « traditionnels » les manipulent.

Pour Jérémie Peltier, directeur d’études à la Fondation Jean Jaurès et auteur de plusieurs études sur le complotisme, les jeunes sont plus exposés aux théories du complot car ils s’informent pour la plupart sur les canaux de diffusion les plus utilisés pour la diffusion de contenus complotistes. Il ajoute qu’il peut y avoir « quelque chose de gratifiant » à croire en une théorie du complot. Allant dans ce sens, la psychanalyste Claude Halmos admet qu’une des raisons qui poussent les adolescents vers les théories du complot est le sentiment de supériorité qu’elles peuvent procurer.  Ce sentiment de supériorité, qui s’acquiert d’ailleurs rapidement sans avoir vraiment étudié un sujet, peut permettre de compenser un sentiment d’infériorité chez des adultes et chez les plus jeunes il exprime aussi une révolte contre un manque de reconnaissance notamment dans le cercle familial.

Ces croyances représentent un danger pour les plus jeunes compte tenu de leur fragilité. Les jeunes peuvent aussi subir l’impact de certains influenceurs ou célébrités qui font office de figure morale et d’autorité, mais répandent de fausses informations et des théories complotistes notamment sur la Covid19 sans se soucier de leur dangerosité.

Face à cette prolifération, les parents jouent un rôle important et doivent échanger avec les enfants dès leur plus jeune âge sur ces sujets. Ils doivent apporter des réponses à leurs questionnements avec discernement avant qu’ils ne choisissent d’aller chercher des explications ailleurs. L’éducation aux médias et à l’information relève de l’ensemble des adultes et en premier lieu de la famille. Le sondage prouve en effet que pour les 10-15 ans les parents restent la première source d’information. 

(Sources : France Info, 03.12.2021 & 11.12.2021 & La Croix, 01.12.2021)

Le journaliste Thomas Huchon invité par l’Adfi Aube et l’Upop

Invité à l’initiative de l’Adfi Aube et de l’Université Populaire de l’Aube fin novembre, le journaliste Thomas Huchon est intervenu sur le complotisme lors d’une conférence donnée à la Maison du patrimoine de St Julien les Villas.

Thomas Huchon a expliqué les mécanismes du complotisme et le rôle des réseaux sociaux dans la propagation des théories conspirationnistes.

Interrogé sur les prochaines élections présidentielles, il a pointé trois risques majeurs induis par le complotisme : l’apparition d’un nouveau candidat 100% complotiste, l’utilisation d’arguments complotistes par des candidats et « l’émergence en permanence de fausses informations qui vont créer un débat dans lequel on ne peut pas discuter. »

Une vingtaine d’antivax s’étaient réunis à l’extérieur du bâtiment pour manifester leur opposition à la vaccination. Certains d’entre eux sont entrés pour tenter de monopoliser la parole au moment des questions, dont une représentante de Réinfo Covid, se présentant comme juriste bac +9, et un pharmacien. 

(Source : L’Est Eclair, 05.12.2021)

Les nombreux points communs entre la mouvance complotiste et les sectes

Le Dr Janja Lalich, professeure émérite à l’université d’Etat de Californie, spécialiste des mouvements sectaires, s’est entretenue avec l’Express sur les similitudes entre les mouvements complotistes et les sectes. Elle livre au journal ses constatations sur le sujet.

Pour elle qui étudie le phénomène sectaire depuis 30 ans, il serait temps d’en reprendre la définition. Les sectes, agissant autrefois sous la houlette d’un leader bien identifié dans un endroit bien localisé, se déploient désormais sur Internet sans leader défini. Malgré un développement sur la toile, elles n’en restent pas moins fermées et on y retrouve « le même type d’étroitesse d’esprit que dans les sectes classiques » ce qui rend difficile toute communication avec leurs membres. Ce sont des traits qui se retrouvent également dans la mouvance complotiste.

Pour Janja Lalich le fait que les sectes se différencieraient des mouvements complotistes par leurs croyances religieuses, n’est pas un argument suffisant pour gommer leurs similitudes. D’ailleurs, explique-t-elle, « toutes les sectes ne sont pas religieuses ». Elle-même a été membre d’une secte politique dans les années 1970.

Même si les membres des communautés complotistes n’interagissent que sur internet, il n’en demeure pas moins que, comme dans les sectes, l’effet de groupe revêt une grande importance. Les membres s’y sentent comme dans une famille qui utilise le même langage, se regroupent autour des mêmes idées. Leurs membres n’ont pas besoin d’un leader, leurs idées et leurs croyances suffisent à guider leurs actions et à se rendre à tel ou tel événement.

Janja Lalich n’imagine pas que la mouvance complotiste, si ample qu’elle soit, puisse donner naissance à une secte globale, mais elle pense qu’il pourrait en émerger de petits groupes pouvant rassembler des milliers de personnes étant donné le nombre d’internautes partageant des idées complotistes. D’ailleurs, leur capacité à se regrouper et à s’organiser physiquement a déjà commencé à se concrétiser par exemple lors de mouvements de contestation antivax.

Qu’il s’agisse des sectes classiques ou des mouvements complotistes, les crises ont toujours profité à ce type de mouvement, dont l’expansion a été sans précédent depuis le début de la crise sanitaire. En cherchant des solutions, les gens tombent dans le piège. Mais le glissement est progressif, aussi Janja Lalich donne quelques clés pour déterminer si un proche adhère à ces théories. Elle explique : « il deviendra beaucoup plus étroit d’esprit. Il ou elle passera probablement tout son temps sur Internet, et il deviendra impossible de lui parler ».

Pour aider, il faut s’armer de patience et « construire une relation très humaine ». Ne pas parler des croyances, mais au contraire évoquer le passé et les bons souvenirs. Elle rappelle que quitter un groupe est l’une des choses les plus difficiles qui soit. Il ne faut jamais affronter l’adepte, mais au contraire le mettre à l’aise, le rassurer. (Source : L’Express, 15.11.2021)

Des communautés complotistes sur le point de voir le jour

Nées sur internet à la faveur de la crise sanitaire, plusieurs communautés conspirationnistes, ayant pour ennemis communs la vaccination anti-Covid et la politique sanitaire du gouvernement, cherchent désormais à se regrouper physiquement dans des lieux reculés pour vivre autour d’idéaux communs.

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