Le Figaro a donné la parole à Franck Dannerolle, chef de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), qui comprend la Cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires (CAIMADES). Il aborde le travail de la CAIMADES, organisme composé de 8 enquêteurs en charge des dérives sectaires ainsi que le profil des victimes de dérives sectaires.
Franck Dannerolle indique que la CAIMADES travaille actuellement sur 25 dossiers et sur autant de profils différents de gourous, de domaines d’infiltrations et de techniques.1 L’un des seuls dénominateurs communs à ces gourous est la mise en place de l’emprise mentale par une technique comprenant trois étapes distinctes : la séduction, la déconstruction et la reconstruction selon la doctrine sectaire. Il constate parmi les victimes une « une surreprésentation des cadres et des professions intellectuelles » attirés par une certaine démarche intellectuelle, des questionnements sur le sens de la vie, le monde, l’univers…
Pour Franck Dannerolle se reconnaître victime notamment de dérive sectaire nécessite un long processus de prise de conscience. Il continue en affirmant « Être victime de dérive sectaire est un abus de faiblesse : il faut donc avouer sa faiblesse » ce qui est parfois très difficile à admettre. Il est également difficile pour les proches de se rendre compte et de comprendre que l’un de leurs proches est mis sous emprise.
Interrogé sur les liens entre dérives sectaires et complotisme, Franck Dannerolle affirme qu’il n’y a pas superposition entre les deux. Il admet qu’il est en revanche intéressant de repérer les situations où les deux problématiques s’alimentent et se superposent car il est évident que des connexions demeurent.
(Source : Le Figaro, 09.03.2023)
- La CAIMADES mène des enquêtes qui s’étendent en moyenne sur quatre ans. Elle intervient à la suite d’une demande du procureur de la République ou du juge d’instruction.