Que peuvent faire les maires contre les dérives sectaires sur leur territoire ?  

Les sectes avancent souvent masquées et savent s’immiscer discrètement dans les communes. Face à un phénomène difficile à identifier, les maires sont souvent démunis face à l’entrisme sectaire sur leur territoire. A partir d’exemples concrets, le journal Maires de France donne des pistes pour protéger les administrés.

Les personnes âgées sont une cible des sectes, souvent en raison de leur isolement. La maire d’une commune rurale, dont c’est le premier mandat, raconte avoir voulu aider une dame âgée qui s’isolait progressivement et ne votait plus sous l’influence des membres d’une secte. Les tentatives de dialogue ayant échoué avec la personne âgée, l’élue n’a pas osé se tourner vers ses enfants car elle craignait d’être trop intrusive.

Dans une autre commune, un maire confronté au même groupe sectaire pour un problème concernant une personne âgée de 95 ans, a immédiatement fait appel aux enfants de cette dernière. La secte avait réussi à remplacer les auxiliaires de vie et à obtenir des assurances vie aux noms de certains de ses membres. Prévenir les enfants est capital car ils peuvent demander des mesures de protection. Un maire peut aussi envoyer un travailleur social chez la personne ciblée par la secte afin de montrer qu’elle n’est pas seule.

Le secteur de l’éducation est lui aussi sujet à l’entrisme des sectes. Concernant l’instruction à domicile, le maire peut s’assurer que l’enfant étudie dans de bonnes conditions matérielles. Le respect des programmes est contrôlé par l’Education nationale. Les maires peuvent aussi s’interroger lorsque des parents demandent des régimes spéciaux qui pourraient alerter sur une radicalité.

Concernant les secteurs des « médecines douces » et du bien-être, leur absence d’encadrement laisse le champ libre à l’implantation de groupes sectaires. La Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires (Miviludes) préconise de n’accepter que de vrais professionnels de santé dans les maisons de santé financées par les mairies. Il ne doit pas y avoir de confusion possible pour les usagers de ces lieux. Les porteurs de projets peuvent se renseigner auprès de l’agence régionale de santé (ARS) ou de la Miviludes. Les mouvements sectaires recherchent parfois une caution municipale en s’installant dans de tels lieux.

Apparaître dans un bulletin municipal, dans la liste des associations de la commune ou rencontrer un maire peut aussi leur permettre d’apparaître plus respectables. Un maire des Vosges a ainsi signalé en 2020 avoir reçu le courrier d’une secte mondialement connue qui sollicitait une rencontre. Il l’a refusé mais a appris plus tard que la même lettre avait été envoyée à des centaines d’autres mairies.

La location de salle est aussi un problème pour de nombreuses communes. Si elles ne peuvent pas refuser de louer, elles ont la possibilité d’utiliser des moyens détournés comme justifier d’un planning de location déjà complet.

Jean-Louis Amelineau, président d’Info Sectes Aquitaine donne des pistes pour aider les maires confrontés aux problèmes causés par des groupements sectaires sur leur commune. Il leur conseille de former les agents communaux, les habitants et de se rapprocher d’associations ou de services de l’Etat compétents. Les maires peuvent aussi se renseigner auprès de la gendarmerie s’ils ont des doutes sur certains exposants de salons de bien-être. 

(Source : Maires de France, février 2022)

  • Auteur : Unadfi