Une quinzaine de responsables d’une école juive orthodoxe, la yeshiva Beth Yossef basée à Bussières (Seine-et-Marne), ont été placés en garde à vue la suite d’une intervention de la police le 31 janvier dernier. Ils sont soupçonnés de maltraitances physiques et psychologiques. À la suite de ces interpellations, sept dirigeants ont été mis en examen pour « violences aggravées ».
En juillet 2021, un jeune américain a pris la fuite de cette école hors-contrat pour se rendre à l’ambassade des Etats-Unis et y demander de l’aide. Il témoigne alors des maltraitances subies et de l’insalubrité des lieux. Il raconte avoir subi des violences de la part des responsables de l’école, avoir reçu de la nourriture périmée ou même avoir été privée de repas. En parallèle, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait émis durant l’été 2021 un signalement sur l’école suspectant des dérives sectaires et un endoctrinement. Les autorités se penchent alors sur le témoignage du jeune homme et retrouvent d’anciens élèves qui racontent tous de mauvais traitements subis. Ils témoignent avoir vécu en vase clos avec interdiction de sortir de l’école, confiscation de leur passeport et privation de soins. La yeshiva Beth Yossef est réputée pour avoir des méthodes strictes et accueillait une soixante d’élèves décrits comme difficiles.
Lors de leur intervention, fin janvier 2022, les gendarmes et les services de la préfecture de Seine-et-Marne ont fait des observations similaires aux témoignages. Dans un communiqué de presse diffusé à la suite des interpellations, la procureure déclare que « cet établissement accueillerait de manière non déclarée de nombreux mineurs de nationalité américaine et israélienne ne parlant pas le français, dans des conditions abusives : enfermement, confiscation des documents d’identité, conditions de vie dégradées, actes de maltraitances, absence d’accès à l’éducation et aux soins, et sans possibilité de revenir dans leurs familles ». Lors de leurs auditions, les élèves ont pu décrire les différents sévices physiques dont ils ont été victimes. Ils étaient isolés du monde extérieur avec un unique coup de téléphone possible à leur famille. Pour la plupart, les élèves étaient d’origine israélienne mais aussi américaine, belge, roumaine ou irlandaise. Ils vivaient tous au sein du domaine dans des conditions de logements insalubres. Les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ont décidé de placer les 40 mineurs de l’école en foyer le temps des investigations.
Durant le mois de février 2022, sept personnes ont été mises en examen à la suite des interpellations, notamment un rabbin qui officiait dans la yeshiva mais aussi le directeur de l’établissement et plusieurs membres de l’équipe éducative.
(Sources : Le Parisien, 31.01.2022 & Huffington Post, 31.01.2022 & Le Point, 31.01.2022 & La Croix, 01.02.2022 & 20 Minutes, 06.02.2022)