Une dissolution qui ne dit pas son nom

Suite à l’affaire du fonds Marianne, le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) se mue en Délégation interministérielle de prévention de la délinquance et de la radicalisation (DIPDR). Derrière la façade, bien plus qu’un simple changement de nom.

Cette réorganisation intervient après une série de révélations et de critiques sévères de la part du Parquet national financier, de l’Inspection générale de l’administration et de la Cour des comptes.

L’affaire du fonds Marianne, dévoilée en mars 2023 par Marianne et France 2, portait sur des subventions douteuses, notamment une somme de 355 000 € versée à l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM) pour un projet anti-islamisme qui n’a jamais pris forme. La polémique a entraîné la démission de plusieurs responsables, dont Christian Gravel, alors préfet en charge du CIPDR, et Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté.

Face à des rapports accablants pointant une gestion défaillante et un organigramme confus, le gouvernement opte pour une refonte totale du CIPDR. Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, joue sur les mots et affirme que « le CIPDR n’est ni dissous ni démantelé mais restructuré pour améliorer son efficacité et sa transparence ».

La nouvelle entité, la DIPDR, sera rattachée au ministre de l’Intérieur et, dit-elle, « continuera de gérer des fonds importants », bien que certaines de ses composantes, comme la Cellule nationale de lutte contre l’islamisme radical (CLIR), soient supprimées.

Pas d’autonomie pour la Miviludes

Et quid de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), forgée en 1995 et rattachée au CIPDR en 2020 ? Un temps menacée dans son existence et privée de moyens d’action efficaces mais plus que jamais indispensable avec l’essor des gourous du Net, la structure « conservera son rattachement actuel ». Toujours pas d’autonomie donc, malgré le souhait de plusieurs associations antisectes et d’aide aux victimes et les préconisations de la Cour des comptes. Mais Sabrina Agresti-Roubache promet « un pilotage politique engagé »…  

(Source : Marianne, 28.05.2024)

  • Auteur : Unadfi