Le phénomène sectaire : son évolution et ses nouvelles tendances

Dans une interview croisée, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté, et Georges Fenech ancien président de Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), ont apporté leur regard sur la problématique sectaire.

Les deux personnalités constatent un réel changement dans les groupes sectaires. Bien que toujours présentes, les grandes organisations sont peut-être moins visibles mais n’en demeurent pas moins dangereuses et représentant toujours une menace. Marlene Schiappa parle d’uberisation dans l’évolution des dangers sectaires et d’une « sorte de dérive sectaire d’atmosphère », citant l’exemple du groupe de Thierry Casasnovas ou QAnon. Cette atmosphère est aussi le fait de nombreux petits groupes, notamment dans le domaine de la santé, qui profitent de la vulnérabilité de certaines personnes – amplifiée par la crise sanitaire – pour mettre sous emprise et proposer des offres de médecines non conventionnelles ou charlatanesques alléchantes. Georges Fenech rappelle que la santé a toujours été un domaine abordé par les mouvements sectaires citant les exemples de la Scientologie ou bien l’Ordre du Temple Solaire.

Marlène Schiappa précise que chacun à la liberté de croire mais que des problématiques et des dangers peuvent découler de croyances.

Le panorama sectaire a récemment changé avec une hybridation entre les formes sectaires plus anciennes et les nouveaux groupes conspirationnistes sévissant sur internet. Pour Marlène Schiappa, ces groupes qui parfois veulent renverser les institutions présentent un danger bien réel. Pour elle, la pandémie a constitué une mise en garde importante sur les problématiques de dérives provoquant une prise de conscience encore plus grande par le gouvernement.

Georges Fenech qui a souvent dénoncé l’entrisme politique des défenseurs de thérapies alternatives, de groupes ésotériques ou de la méditation de pleine conscience, souligne que chacun est libre mais que groupes et techniques peuvent représenter une porte d’entrée pour les charlatans. Il rappelle que l’entrisme a toujours été l’objectif des groupes sectaires non seulement dans le milieu politique mais dans d’autres milieux (entreprise, université,…). Il regrette qu’un groupe se soit constitué à l’Assemblée nationale pour méditer, il aurait préféré que cela reste de l’ordre de la sphère privée et craint que cela légitime certaines pratiques.

Dans l’interview la ministre rappelle que l’appel à projet lancé et doté d’un million d’euros va permettre de soutenir des initiatives locales et nationales. Il concernera des missions d’information et de prévention à destination de publics cibles, la formation de professionnels de la santé, un dispositif d’accompagnement et de prise en charge de victimes, mais aussi de réinsertion. L’appel à projet lancé fin mai sera clos à la fin du mois de juin 2021. 

(Source : L’Express, 20.05.2021)

  • Auteur : Unadfi