Le congrès annuel de la Fédération européenne des centres de recherche et d’information sur le sectarisme (Fecris) s’est déroulé le 17 mai 2019 à Paris sur le thème « Emprise sectaire et réseaux sociaux ».
Le développement des outils numériques n’a pas échappé aux sectes qui ont bien compris leur intérêt stratégique pour séduire un nouveau public. Véritable vitrine, la multiplicité des outils existants donne un visage inédit au phénomène sectaire. Ainsi, selon Anne-Marie Courage, conseillère à la Miviludes, « des groupes protéiformes se créent via les réseaux sociaux, parfois des individus seuls utilisent de multiples profils et adresses mails ». Elle ajoute qu’un long temps passé sur internet, le risque de confusion entre le monde réel et virtuel, la facilité des moyens de paiement, la possibilité de créer une intimité à distance sont « susceptibles d’accélérer le processus d’isolement favorable à l’emprise sectaire ».
Outre des sectes spécifiques, le psychologue italien Luigi Corvaglia soulève un autre danger des réseaux sociaux, sa contamination pas les théories conspirationnistes « symptômes d’un réveil de la pensée magique ».
Tout cela ne pourrait toucher qu’un public restreint si les algorithmes de Facebook ou de YouTube « aveugles à la qualité de l’information » ne donnaient pas « une visibilité à des contenus marginaux », s’alarme Tristan Mendès France, spécialiste des nouvelles cultures numériques. Il ajoute que la sélection d’information opérée par les algorithmes enferme les utilisateurs dans une « chambre d’écho » qui renforce leur opinion, favorisant ainsi une radicalisation des idées.
La Fecris1 se réunit chaque année dans un pays différent afin de « sensibiliser les gouvernements et les instances européennes aux dangers du phénomène sectaire. Si sa présidente, Danièle Muller-Tulli, déplore que seule la France, la Belgique et le Luxembourg aient adopté une loi, Didier Pachoud, son trésorier, se félicite que la France soit en pointe dans le domaine de la lutte contre les dérives sectaires. Contrairement à d’autres pays, en France « la protection de l’intégrité des personnes prévaut en justice sur les prétextes religieux. »
(Source : La Croix, 21.05.2019)
1. Fondée en 1994, elle regroupe des associations d’aide aux victimes de dérive sectaire provenant de 32 pays.