Les cures de détox, les jeûnes et autres régimes restrictifs sont à la mode mais comportent parfois d’importants risques et peuvent avoir de graves conséquences. Les mouvements sectaires n’hésitent pas à utiliser le jeûne ou encore des régimes carencés comme technique pour amoindrir physiquement et psychologiquement les individus.

Les chantres de ces cures et jeûnes partent du postulat que nos corps seraient fatigués et pollués par notre alimentation. Ils préconisent un changement d’alimentation et des jeûnes qui pourraient guérir la maladie. Bien que bénéficiant d’un fort engouement, notamment chez des personnes malades, ces techniques sont sans preuve scientifique. Pour Bruno Falissard, directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations à l’Inserm, certains centres proposant des jeûnes ressemblent véritablement à des sectes avec, à leur tête, des gourous.

Robert Morse, prétendu médecin au CV inquiétant aurait acheté des diplômes et serait membre de plusieurs associations pseudo-médicales. Il affirme qu’il peut, grâce à un jeûne partiel et une alimentation basée sur des plantes et des fruits crus, guérir le diabète, le sida ou encore le cancer.

Thierry Casasnovas se revendique de l’école de Robert Morse. Il gère la chaine YouTube Regenere, dispensant des conseils d’alimentation et donnant son avis sur des problématiques de santé publique notamment la vaccination. Critique envers la médecine, il affirme que l’on peut guérir d’un cancer grâce au jeûne et à une alimentation basée sur les fruits et les légumes. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) surveille de près les activités de Thierry Casasnovas après avoir reçu plusieurs signalements le concernant.

Le frère d’une femme décédée à la suite d’un jeûne témoigne du parcours de sa soeur. Animée de la volonté de manger plus naturel et d’éviter les produits industriels elle a été séduite dans un premier temps par les idées de Thierry Casasnovas, et au fur et à mesure de ses rencontres, elle s’est radicalisée. Elle s’est alors rapprochée d’un établissement se présentant comme un centre de bien-être qui organise des jeûnes, des retraites et des cures méditatives. Elle a participé à deux jeûnes. Lors du deuxième, début 2018, elle s’est sentie très fatiguée. Atteinte d’une phlébite, elle a été transférée aux urgences afin d’être hospitalisée. Elle est décédée quelques jours plus tard, le médecin affirmant à son frère qu’elle était dans un état alarmant de déshydratation et que plus aucun de ces organes n’était en état de fonctionnement. Atteinte d’un grave problème de la thyroïde, elle avait arrêté son traitement suite aux promesses de guérison et d’amincissement. Son frère met en cause les processus d’admission au sein du centre qui ne sollicite aucun avis médical ainsi que les suivis lors des jeûnes. A la suite du décès de sa soeur, le frère a prévenu la MIVILUDES qui a alerté le parquet d’Amiens qui a ouvert une enquête. Un journaliste de BFM a joint ce centre, se faisant passer pour une personne désirant suivre une cure. Son interlocuteur lui a affirmé qu’il n’y avait pas besoin de consulter un médecin avant de débuter une cure si la personne s’estime en bonne santé, lui indiquant toutefois un médecin homéopathe de leur connaissance. Parfois associé à d’autres activités telles que la randonné ou le yoga, ces stages de jeûnes sont très chers.

La Miviludes s’inquiète des prétendus miracles promis par des personnes qui détournent des malades du système de soins pour suivre des régimes et perdre des chances de guérison. La mission pointe du doigt l’affaiblissement physique lié à des jeûnes de longue durée ou des régimes carencés qui diminuent la résistance psychologique et permettent aux mouvements sectaires de mettre l’individu sous emprise. Elle cite aussi en exemple les thérapies dangereuses comme l’hydrothérapie du colon.

De son côté l’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN) rappelle que le jeûne est dangereux pour l’organisme qui a besoin de toute l’énergie fournie par l’alimentation.

(Sources : BFMTV, 15.05.2019 &16.05.2019)