L’emprise sectaire, ça n’arrive pas qu’aux autres !

A l’occasion de l’élection de Joséphine Cesbron à la tête de l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (UNADFI), le Midi Libre évoque le travail de l’Adfi Montpellier-Languedoc qu’elle a présidée.


Nées il y a une quarantaine d’années à l’initiative de familles sans solution pour faire face à des problèmes d’emprise sectaire, les Adfi se sont rapidement étendues dans toute la France. Celle de Montpellier, qui compte à ce jour sept bénévoles, prend en charge les victimes des départements de l’Hérault, du Gard, de la Lozère.

Titulaire d’un doctorat en droit, Joséphine Cesbron a rejoint l’Adfi en 2010. Elle constate qu’il est encore bien difficile pour les victimes de sectes d’être reconnues en tant que telles car elles sont souvent considérées comme conscientes de leurs choix, ce qui n’est pas le cas. Elles sont victimes d’abus d’état d’ignorance et de faiblesse, qualifications punies depuis la promulgation de la loi du 12 juin 2001. Les défenseurs des victimes peuvent également avoir recours aux lois punissant, par exemple, des délits financiers ou sexuels.

Les missions de l’Adfi vont de l’accompagnement des victimes, parfois jusqu’au procès, à la participation à des réunions en préfecture aux côtés des services de police et de gendarmerie dans le but de « faire circuler les informations » et de les faire remonter à la Miviludes. L’Adfi œuvre aussi à la sensibilisation des jeunes dans les écoles. Depuis 2015, elle s’implique également beaucoup dans la prévention de la radicalisation.

Chaque année, l’Adfi Montpellier-Languedoc enregistre environ 300 sollicitations lors de ses permanences. Rien que pour 2018, elle a suivi « une quarantaine de dossiers ».

Joséphine Cesbron explique que les sortants de sectes sont anéantis et désœuvrés, à tel point que certains « ne savent plus utiliser une carte bancaire ou payer un loyer ». Paralysés par la crainte de représailles, ils ont besoin de beaucoup de temps pour se reconstruire et de ce fait laissent souvent passer le délai de prescription pour porter plainte.

Mais l’Adfi soutient également les proches des adeptes en leur prodiguant des conseils pour notamment éviter le risque de perdre tout contact avec eux. Elle n’est cependant pas favorable à la méthode de l’ exit counseling qui, très en vogue aux États-Unis, a pour objectif de pousser l’adepte à quitter la secte.

Les tâches sont nombreuses et ardues pour l’Adfi, d’autant plus que les aides publiques sont peu importantes. Grâce au travail juridique, l’association s’enorgueillit cependant d’avoir pu faire condamner en 2015 le fondateur de la Biologie totale, à l’issue d’une bataille judiciaire engagée par l’épouse de l’un de ses patients mort d’un cancer faute de soins appropriés.

(Source : Midi Libre 06.05.2019)