L’UNADFI a tenu, le 22 mars dernier, un colloque sur le thème « Enfance volée, enfance en danger », à Rennes. Tout un symbole puisque c’est dans la capitale bretonne qu’a été créée la première ADFI de France, il y a 50 ans.
Tout a commencé en 1974. Aucune structure n’existait à l’époque. Un soir d’automne 1974, Guy et Claire Champollion s’inquiètent de ne pas voir rentrer leur fils à leur domicile à Chantepie (35). Ils remuent ciel et terre et finissent par le retrouver, quelques jours plus tard, à Lyon, sous l’emprise de l’Association pour l’unification du christianisme mondial, autrement dit la secte fondée par le Coréen Sun Myung Moon. Le couple décide alors de créer une association pour aider les victimes. Ainsi est né le combat, en France, contre les dérives sectaires. « Ça a fait boule de neige et le réseau compte aujourd’hui 26 antennes » souligne Pierre Boucher-Doigneau, président de l’ADFI Haute-Bretagne Mayenne. Mais si Moon et d’autres continuent de faire des émules, le contexte a changé. « En comparaison avec les années 1970-1980, ces grands mouvements semblent en perte de vitesse ». En revanche, « des groupes religieux (relevant du christianisme ou de l’islamisme) restent très actifs et, surtout, des mouvements liés à la santé et au bien-être ont pris le dessus ». Et de citer, entre autres, le yoga, « qui dans certaines structures est un prétexte à des dérives sectaires ».
Depuis son antenne rennaise, l’ADFI rayonne sur trois départements (Ille-et-Vilaine, Côtes-d’Armor et Mayenne). Chaque année, les bénévoles reçoivent une cinquantaine de victimes, les écoutent et les orientent vers les bons interlocuteurs. Un engagement qui n’est pas sans risques. « Des mouvements nous traînent régulièrement devant les tribunaux pour diffamation » explique Pierre Boucher-Doigneau, « sans parler des pressions que nous subissons de plus en plus ».
(Source : Le Télégramme, 23.03.2024)