La relation gourou/adepte

Marie-Andrée Pelland, professeure de criminologie à l’Université de Moncton (Canada), est revenue dans le quotidien québécois, Le Soleil, sur l’emprise et la relation entre gourous et adeptes.

La professeure rappelle que le leader d’un groupe n’existe pas sans ses membres qui lui donnent le pouvoir. Elle recense un certain nombre de caractéristiques communes aux mouvements à dérive sectaire : un engagement intensif des membres, une quête d’autosuffisance, une diabolisation du monde extérieur et des promesses exceptionnelles. Elle prend l’exemple de l’Alliance de la Brebis, groupe installé au Québec et dirigé par Roch Thériault1. Le groupe a marqué une différence et une séparation avec les autres en adoptant une tenue vestimentaire particulière, en utilisant un vocabulaire spécifique ou en créant une école et une ferme. Pour Marie-Andrée Pelland il ne faut jamais évoquer le mot secte devant quelqu’un qui rejoint un tel groupe cela conduirait à renforcer l’idée de séparation entre « eux » et le reste de la population. Elle conseille d’écouter, de ne pas juger et de maintenir les liens avec la personne.

Selon Alain Bouchard, coordonnateur du Centre de ressources et d’observation de l’innovation religieuse (CROIR) à l’Université de Laval, il existe une co-dépendance maladive entre des personnes vulnérables en recherche et le leader. Il se développerait alors entre ces personnes et le leader une rencontre qui les mènerait à se couper de la société. Les adeptes vivent ce processus de l’intérieur sans voir la dangerosité de leur mise sous emprise et en pensant que les autres ne les comprennent pas.

(Source : Le Soleil, 06.10.2018)

1. Lire sur le site de l’UNADFI, l’ensemble des articles sur l’Alliance de la Brebis : https://www.unadfi.org/mot-clef/alliance-de-la-brebis/