L’emprise mentale qui vise à obtenir d’un individu un engagement durable et extensif, par diverses techniques d’endoctrinement et de manipulations, suppose que soit limitée ou même exclue toute critique ou influence divergente. Les dérives sectaires s’accompagnent donc, le plus souvent, de stratégies éprouvées pour isoler les victimes de leur environnement familial, social ainsi que sociétal. Lorsque l’emprise s’exerce au sein d’un groupe, cette coupure avec l’extérieur se double d’un contrôle des relations entre les membres ; le gourou s’immisce dans les relations amicales, intervient pour faire ou défaire des couples, se substitue aux parents auprès de leurs enfants. Les liens, fondés sur le partage de croyances et de pratiques imposées, ne sont bien souvent qu’apparence, les membres apprennent à se méfier les uns des autres.
Le gourou (ou les dirigeants du mouvement) fait pression sur l’individu, ainsi subtilement isolé, pour contrecarrer tout désir d’autonomie. Oubliant les promesses initiales de liberté, séductrices mais mensongères, l’emprise ne supporte en réalité aucun désaccord ou comportement non conforme. L’adhésion doit être totale et le doute n’a pas sa place. S’il s’installe, la sanction est alors l’exclusion dont la responsabilité incombe alors tout entière à l’exclu. Il est accusé de trahison, d’actions ou d’intentions perverses, sa réputation est détruite, et les adeptes restés dans le groupe doivent l’éviter. Quelles que soient les motivations doctrinales ou pragmatiques de ce bannissement, cette pratique est une atteinte à la liberté de conscience et aux droits humains. Cette pratique porte un nom : l’ostracisme. Elle doit être dénoncée et devrait être sanctionnée s’il n’était pas si difficile et incertain pour les victimes de porter plainte.