Le second souffle de la Miviludes

Après deux années d’incertitudes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), désormais placée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, et rattachée aux services de Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté, va être dotée de moyens supplémentaires.

En vacance de présidence depuis le départ de Serge Blisko en 2018, la Miviludes vient de voir nommer à sa tête la magistrate Hanène Romdhane qui a pris ses fonctions en avril.

Depuis sa création en 2002 elle a été très active dans de nombreux secteurs : formation, prévention, signalements, enquêtes. Des actions facilitées par son caractère interministériel. Mais la série d’attentats survenus au milieu des années 2010 et le départ de nombreux français vers la Syrie ont amené l’état à délaisser la question des sectes au profit de la lutte contre la radicalisation et le terrorisme. L’inquiétude, quant à l’avenir de la mission, s’est vraiment accentuée en 2019 lorsque le gouvernement a annoncé son rattachement au Comité interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) du ministère de l’Intérieur. Dans la foulée ses effectifs ont été réduits et elle a été contrainte de déménager.

Cependant la crise sanitaire, et les inquiétudes qu’elle a engendrées, ont eu pour conséquence une recrudescence de l’activité sectaire corrélée à une dangereuse désinformation qui ont mis en évidence la nécessité de relancer la Miviludes et son réseau de partenaires. Pascale Duval, porte-parole de l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victime de sectes (Unadfi) reconnaît, « on craignait que cette réorganisation cache un désintérêt, mais le message est clair : les associations restent au centre du dispositif ».

L’objectif du gouvernement est de mettre la Miviludes au coeur d’un dispositif la rapprochant des services d’enquête spécialisés afin de faciliter le traitement des dossiers relatifs aux dérives sectaires. Elle sera pilotée par un conseil d’orientation composé de représentants du monde associatif, de représentants de ministères, de chercheurs… La Miviludes devrait, en outre, bénéficier d’apports financiers supplémentaires.

L’action du gouvernement ne s’arrête pas là. « Des circulaires devraient être envoyées aux préfets afin de mieux former les services. » Du côté de la police, la Cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires (Caimades) a mis en place des correspondants locaux dont la mission sera d’être en liaison avec les pouvoirs publics locaux.

(Source : Le Monde, 10.03.2021)

 

  • Auteur : Unadfi