Extraits de l’intervention d’Audrey Chaytor lors du colloque de la FECRIS « Perméabilité du monde contemporain face aux sectes », à Londres le 17 avril 2010. Audrey Chaytor est directrice de The Family Survival Trust dont l’action d’information et d’aide aux victimes se poursuit depuis trois décennies, avec ténacité mais non sans une certaine amertume devant le peu de prise en compte du phénomène sectaire par les autorités qui, rappelons-le, sont au Royaume-Uni l’Etat et l’Eglise Anglicane.
Vers la fin des années soixante-dix, seule une poignée de personnes en Grande-Bretagne et en Europe avaient une connaissance et une expérience des sectes et des cultes actuels. La situation est très différente aujourd’hui, et on peut en remercier tous ceux qui ont participé et travaillé durement pour créer FAIR et par la suite, au niveau européen, la FECRIS.
Trente ans d’expérience d’aide aux familles touchées par le phénomène sectaire
Ma contribution lors de cette conférence est basée sur mon travail et mon expérience depuis trente ans, lesquels ont façonné ma façon de penser et mes observations actuelles. Mes espoirs dans l’Eglise et l’Etat, initialement très élevés, ont changé depuis, et je dois dire que ni l’une ni l’autre ne me convainc actuellement. Au début, je m’attendais à ce qu’ils essaient au moins de comprendre le problème qui a fait irruption presque partout dans le monde, et qui a abusé bon nombre de politiciens et d’ecclésiastiques. Il apparaît clairement maintenant qu’aucun effort n’a été entrepris, ni pour comprendre le problème, ni pour y faire face. Il nous a fallu trouver nos propres ressources et nous épuiser dans une lutte à laquelle ces autorités auraient au moins pu prendre une certaine part.
Le manque de soutien a été une source d’irritation sans fin pour beaucoup d’entre nous, qui faisions tant d’efforts pour apporter de l’aide. Mais, en réalité, le Gouvernement a effectivement fait quelque chose. Il a fait cadeau d’importantes sommes provenant de l’argent des contribuables et nous a offert comme résultat un ensemble compact connu sous le nom de INFORM.
A la suite de quoi on pouvait presque entendre leur soupir de soulagement lorsque l’Etat et l’Eglise se reposèrent dans l’inertie, escomptant que, dans notre ignorance et par gratitude pour leurs efforts, nous allions non seulement soutenir totalement INFORM mais aussi prendre notre retraite et leur laisser la paix. En Grande-Bretagne, nous avons été forcés d’accepter INFORM et nous avons travaillé avec cette insulte permanente qui a vu le jour en 1988.
L’argent disponible a été gaspillé, et soyons bien clairs, mon souci constant est qu’il n’existe en Grande-Bretagne aucun fonds permettant d’aider d’anciens membres de sectes. Il doit y en avoir beaucoup qui se battent pour survivre, sans aucune aide. N’est-ce pas consternant ?
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