Rencontre avec le président de l’Adfi Bretagne-Sud

Dans un entretien paru début juillet dans le journal Le Télégramme, André Houel, le président de l’Adfi Bretagne-Sud explique comment identifier un « mouvement présentant des risques de dérives sectaires ». Il précise que ces mouvements ne sont pas forcément basés sur des croyances religieuses, on peut par exemple les trouver dans le champ des pseudo-thérapies.

Mais la technique de mise sous emprise est toujours la même, lente et insidieuse. Le nouvel adepte « est bien accueilli, chouchouté. Tout va bien. Puis peu à peu, on l’éloigne de sa famille, de ses amis. Il est isolé, fragilisé, vulnérable, puis on commence à lui soutirer de l’argent ». L’adepte peut rester de nombreuses années sous emprise, jusqu’au déclic entraînant la sortie du groupe, une période où il aura besoin d’une aide extérieure « car il va alors se retrouver empêché de partir alors qu’il est supposé être libre de ses choix ».

André Houel souligne que la législation française se refuse à « définir la notion de secte » au nom du respect de la liberté de croyance. Le système juridique français s’intéresse donc aux dérives sectaires. Il précise que l’abus de faiblesse reste le délit le plus fréquemment utilisé devant la justice contre les groupes sectaires.

En 2018, l’Adfi a reçu 57 demandes d’aide dont la majorité porte sur des dérives thérapeutiques. Profitant de l’engouement du public pour le bien-être, des chamanes, des voyants, des guérisseurs peu scrupuleux embrigadent des adeptes qui ne ressortent pas indemnes de cette expérience. Telle cette infirmière libérale dont le mari inquiet s’est rendu à l’Adfi pour essayer de soustraire sa femme de l’influence d’un groupe pratiquant le yoga. Sa croyance était devenue tellement omniprésente qu’elle s’astreignait à répéter un mantra pendant huit heures par jours. Pour accomplir ce rituel, elle pouvait restait éveillée jusqu’à trois heures du matin.

L’article rappelle également la liste des dix critères de l’emprise mentale établie par le professeur en psychiatrie Philippe-Jean Parquet. Il suffit que cinq d’entre eux soient réunis pour « porter le diagnostic d’emprise mentale ».

La liste complète peut être consultée sur le site de l’Unadfi : https://www.unadfi.org/cles-pour-comprendre/la-notion-de-derive-sectaire/les-10-criteres-de-l-emprise-mentale-selon-le-professeur-philippe-jean-parquet

(Source : Le Télégramme, 08.07.2019)

  • Auteur : UNADFI