Trois jours de conférences sur les sectes

L’International Cultic Studies Association (ICSA) a réuni début juillet à Manchester un parterre de spécialistes provenant du monde entier pour faire le point sur l’évolution du phénomène sectaire.


Organisée conjointement par l’ICSA, Info-Cult et l’université de Salford qui propose un cours de troisième cycle en psychologie du contrôle coercitif, la conférence annuelle avait pour thème : « Contrôle coercitif et psychologie de l’influence à travers différents contextes – Implications pour les politiques, les pratiques et le processus de justice pénale ».

Aux côtés d’ex-adeptes venus témoigner de leur vécu, sont intervenus des universitaires, des militants, des représentants de l’État, des médecins. Parmi les plus connus figuraient Steven Hassan, ex mooniste qui aujourd’hui aide les victimes, ou Jon Atack, expert international de la Scientologie, ainsi que Hoyt Richards, un ex top model qui fut membre du groupe Eternal Values durant 20 ans.

Durant trois jours, les sujets abordés lors des 91 ateliers proposés ont couvert une grande variété de thèmes : pensée magique, trafic d’êtres humains, discussion sur des groupes sectaires… Les aspects psychologiques (dépendance, ferveur, contrôle, séduction, dissonance cognitive…) et juridiques de la dynamique sectaire ont aussi été abordés.

L’ICSA a ouvert sa conférence à tout le monde alors qu’il n’est pas rare que des membres de groupes sectaires s’inscrivent, à l’image d’Anuttama Dasa, « ministre des communications internationales de Hare Krishna » qui vient depuis 20 ans.

Parmi les intervenants, Ulrike Schiesser, conseillère spécialisée dans la lutte contre les sectes en Autriche, s’est inquiétée de la non réglementation du marché du développement personnel. Des groupes de bien-être, au premier abord inoffensifs, peuvent se révéler très coercitifs. « Quand vous ne pouvez pas interroger l’enseignant ou émettre des critiques au sein du groupe, quand il y a un langage interne, quand quelque chose est tellement cher qu’il pousse à croire à la transformation promise et quand il est difficile de connaître le contenu de l’enseignement parce que c’est secret, il faut s’inquiéter », a-t-elle expliqué.

L’actrice Naomi Gibson, quant à elle, a raconté pour la première fois l’enfer qu’elle a vécu au sein de NXIVM. Son histoire est d’autant plus dramatique qu’elle a été élevée chez les Enfants de Dieu, secte au sein de laquelle elle a été violée à l’âge de cinq ans.
Au terme des trois jours, la plupart des experts se sont accordés sur l’importance de faire une place dans l’école à l’enseignement de la pensée critique et à la sensibilisation à la manipulation mentale.

Autrefois appelée American Family Foundation, l’ICSA existe depuis 40 ans. Devant l’évolution du phénomène sectaire et les polémiques liées à l’utilisation du mot secte, Steve Eichel, le président de l’ICSA, envisage de modifier le nom de l’association en remplaçant le mot cult (secte en anglais) par le mot coercition. L’ICSA ne propose pas une liste précise de « mauvais groupes ». Elle aborde la problématique sur les sectes de façon plus neutre. Aujourd’hui, l’intérêt de l’association se porte davantage sur la compréhension de « la dynamique de la manipulation, du pouvoir, du contournement spirituel, de l’exploitation de la victime. »

(Source : RNZ, 09.07.2019)

  • Auteur : UNADFI