Susanne Schaaf directrice de l’association suisse Infosekta revient pour Swissinfo sur le phénomène sectaire et ses particularités suisses. En outre, elle présente l’action et le rôle de sa structure qui conseille les proches de personnes sous l’emprise d’un mouvement sectaire.
Pour la spécialiste, cette association se doit d’être critique vis-à-vis des mouvements sectaires. Les critiques se basent sur des documents internes mais aussi des entretiens avec les familles et des ex-adeptes.
Il existe en Suisse une pluralité importante de mouvements sectaires. En 2018, l’association Infosekta a traité 716 cas. Les trois groupes prédominants dans les signalements à l’association sont dans l’ordre : les Témoins de Jéhovah, You Church (une église évangélique très fortement implantée en Suisse) et la Scientologie. Bien souvent les groupes rencontrés par Infosekta sont constitués sous la forme d’association et effectuent une demande auprès des autorités de leur canton afin que les dons qu’elles reçoivent soient exemptés de taxes.
Selon Susanne Schaaf, les groupes sectaires sont souvent orientés autour d’un leader charismatique capable de persuader les autres de ses pouvoirs. Il présente sa doctrine comme unique, exceptionnelle et bien souvent capable de guérir tous les maux. Certains encouragent les adeptes à recruter parmi leurs proches ou familles ou alors conseillent et/ou obligent à prendre des distances avec leurs proches. Les mouvements sectaires sollicitent aussi les adeptes sur le plan financier. Certains exigent des dons indexés sur les salaires et parfois des sommes beaucoup plus importantes. La directrice d’Infosekta constate, par expérience, que les hommes sont plus attirés par des groupes politiquement de droite et conspirationnistes alors que les femmes se tournent vers des groupes ésotériques abordant des thématiques telles que la nature, la santé, les anges, l’énergie…
Face aux différentes situations d’emprise, Infosekta conseille aux proches de victimes de ne pas réagir avec colère et de maintenir le lien en évitant de porter des jugements sur les croyances, et si besoin de se tourner vers des associations compétentes.
(Source : Swissinfo, 08.08.2019)