Selon Steven Hassan, le contrôle de la pensée est constitué de 4 composantes de base : le contrôle du comportement (Behaviour control), le contrôle de l’information ( Information control), le contrôle de la faculté de réflexion ( Thought control) et le contrôle de l’émotion (Emotional control)
Contrôle du comportement
1. Contrôle de la réalité physique environnant l’individu
- lieu de vie
- nourriture
- sommeil
- dépendance financière
- réduction ou suppression du temps libre, des loisirs
2. Une partie importante du temps est consacrée aux rites du groupe et aux activités d’endoctrinement.
3. Nécessité de demander la permission pour toute décision majeure.
4. Obligation de rendre compte des pensées, sentiments et activités à ses supérieurs.
5. Tous les comportements peuvent donner lieu soit à des récompenses, soit à des punitions.
6. L’individualisme est découragé. C’est la pensée de groupe, et l’intérêt du groupe qui prévalent.
7. Règlement rigide.
8. Obéissance aux ordres et soumission à l’autorité hiérarchique.
Contrôle de l’information
1. Utilisation de la désinformation.
Trois possibilités :
- Rétention délibérée de l’information
- Déformation de l’information extérieure afin de la rendre acceptable,
- Mensonge absolu
2. Accès découragé ou réduit aux sources extérieures d’information, qui sont de surcroît décrédibilisées et présentées comme » moins intéressantes » :
- La majorité des médias : livres, articles, journaux, magazines, télévision, radio.
- Informations critiques sur le groupe filtrées ou rejetées d’emblée
- Rencontres avec d’anciens membres prohibées
- Occupation constante des adeptes afin d’empêcher la réflexion.
3. Compartimentation de l’information. La doctrine de l’intérieur ( » la vérité « ), contre celle du monde extérieur (celle du monde).
- Pas de libre accès à l’information
- L’information délivrée aux membres diffère selon leur place hiérarchique et leur fonction au sein du groupe
- La direction décide de qui a » besoin de savoir quoi »
4. L’espionnage au sein du groupe est encouragé
Les membres doivent rapporter à leurs supérieurs les commentaires ou les actes déviants observés chez les autres.
5. Utilisation intensive de la propagande et des informations générées par le groupe, présentées comme » seules acceptables » :
- Revues internes, magazines, bulletins, cassettes audio et vidéo
- Citations biaisées, déclarations extérieures sorties de leur contexte et réinterprétées à la convenance du groupe
6. La confession est utilisée sans éthique comme un moyen de pression sur les membres du groupe.
- Les » aveux » sont utilisés pour abolir les frontières de l’identité personnelle (réduction de la part d’ intimité de l’individu).
- Les » fautes » avouées sont utilisées pour manipuler et contrôler l’individu. Il n’y a ni pardon, ni absolution, ni secret du confessionnal, tout ce qui est dit est utilisé contre vous.
Contrôle de la faculté de réflexion
1. Obligation d’intérioriser la doctrine du groupe comme étant la » Vérité absolue « , dont on ne doit jamais dévier, et que l’on ne doit jamais remettre en question. Cette vérité est souvent présentée dans le cadre d’un combat cosmogonique titanesque, où le groupe incarne les » forces vives du Bien » dépassées en nombre, mais armées d’un savoir ésotérique infaillible (incitation à l’enfermement paranoïaque).
- Vision manichéenne du monde : tout est » blanc ou noir « .
- Le » Bien contre le Mal » ; » Nous contre eux » (l’intérieur contre l’extérieur).
- Tout ce qui est bien est incarné par le chef et le groupe. Tout ce qui est mauvais est à l’extérieur.
2. Adoption d’un langage codé.
Les mots sont les outils que nous utilisons pour penser.
L’utilisation de mots nouveaux ou le fait de changer la signification de certains termes permet de contrôler les pensées en opérant une rupture avec les références antérieures et en enfermant l’individu dans un monde stéréotypé. De fait, sa capacité de réflexion est réduite car elle est limitée aux notions autorisées par le groupe.
3. Seules les pensées » bonnes » et » positives » dans l’optique du groupe sont encouragées.
4. Techniques d’arrêt de la pensée.
Prières, chants, psalmodies à voix haute ou en silence, méditation,…
C’est la voie la plus directe pour court-circuiter une confrontation douloureuse avec la réalité, en stoppant les pensées » négatives « . Rejet de l’analyse rationnelle, de la pensée critique, constructive, par » la politique de l’autruche « .
5. Les membres sont exercés à ne croire aucune critique concernant le groupe, la doctrine ou le leader.
6. Rejet de toute pensée qui ne correspond pas à la doctrine. Aucune autre forme de pensée n’est envisagée comme légitime ou bonne.
Contrôle des émotions
1. Manipuler et réduire le champs des émotions (en privilégiant des émotions très intenses et parallèlement une palette d’émotions réduite, où les nuances sont perdues : joie, peur, crainte instinctive, enthousiasme, effusion ou aversion, etc.)
2. Faire sentir à la personne que quoi qu’il arrive c’est toujours par sa faute, mais jamais par celle du leader ou du groupe.
3. Utilisation excessive de la culpabilisation.
Steven Hassan. Adapté du chapitre 4 de Protéger-vous contre les sectes. Ed. Du Rocher, 1995.