Des manifestants intégristes empêchent la tenue d’un concert à Nantes

Un groupe de catholiques traditionnalistes de mouvance intégriste ont contraint les organisateurs à annuler le concert de la chanteuse suédoise rock-métal Anna von Hausswolff, qu’ils jugent « sataniste » et accusent de « faire l’amour avec le diable ».

Une soixantaine de manifestants ont bloqué l’entrée de l’église Notre-Dame-du-Bon-Port où devait se tenir le concert organisé par le Lieu Unique à Nantes.

Plusieurs courants ultrareligieux se font remarquer à Nantes, en particulier les sédévacantistes et les lefebvristes de la Fraternité Saint-Pie-X, tous deux présents lors de la manifestation. Parmi eux, l’abbé Philippe Guépin, de l’association Saint-Pie-V et chef de file des sédévacantistes nantais.

Pour Dominique Beloeil, professeur au séminaire de Nantes, les sédévacantistes « sont placés au même plan que les Témoins de Jéhovah et la Scientologie ». Ils sont par ailleurs surveillés par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui met en cause, entre autres, un discours radical raciste et antisémite.

Les autorités locales sont également très vigilantes à l’égard de ces groupes, proches de l’extrême droite, qui ne cessent de fustiger « l’Eglise des modernistes misérables et impies œuvrant à l’invasion de l’Europe par l’islamisme ».

Le premier adjoint à la mairie de Nantes a qualifié les manifestants de « poignée de radicaux intolérants » et ajouté que « rien n’autorisait l’expression d’une telle censure ». « Ce n’est pas notre conception d’un projet de société fondé sur le dialogue et l’ouverture culturelle », a-t-il précisé. 

(Sources : La Dépêche, 08.12.2021 ; LCI, 08.12.2021 ; Médiacités, 09.12.2021 ; moustique.be, 10.12.2021)

Secte de l’Ordre du Temple Solaire : l’emprise avant les massacres

A l’occasion du vingtième anniversaire de la macabre découverte des corps de 16 des membres de l’Ordre du Temple Solaire dans le Vercors, les journalistes des Voix du crime se sont demandé comment l’emprise pouvait mener des adeptes à la mort.

Tristement connu pour plusieurs massacres et suicides collectifs, l’Ordre du Temple Solaire a fait 74 victimes entre 1994 et 1997 en France, en Suisse et au Canada.

Le 23 décembre 1995, seize corps calcinés étaient retrouvés dans une forêt du Vercors. Tous les défunts étaient membres de l’OTS, un groupe ésotérique fondé par Jo Di Mambro et le médecin homéopathe Luc Jouret. Il semblerait que ce soient les idées de Di Mambro qui aient conduit les adeptes à la mort la nuit du 15 au 16 décembre. Son enseignement affirmait que l’âme pouvait voyager vers d’autres planètes via le suicide, lors d’un processus appelé le « transit ».

Parmi les seize morts figuraient Edith et Patrick Vuarnet, l’épouse et l’un des fils du champion de ski Jean Vuarnet. Invité de l’émission de RTL, Alain Vuarnet, le frère de Patrick, avance des raisons qui auraient pu conduire son frère et sa mère dans le groupe. « Les recruteurs d’une secte savent très bien qui ils vont chercher » prévient-il.

Selon lui, son frère disparu à l’âge de 27 ans était en quête de reconnaissance face à son père, tandis que sa mère, sensible au développement durable, avait été séduite lors d’une conférence donnée par l’homéopathe Luc Jouret, recruteur du groupe. Alain Vuarnet analyse : le « lavage de cerveau provoque le nettoyage de toutes les valeurs qui sont les nôtres pour vivre en société. Et peu à peu, de manière très discrète, voire occulte, ils imposent leurs propres valeurs… ».  (Source : RTL, 23.12.2021)

Pour écouter le podcast : https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/secte-de-l-ordre-du-temple-solaire-comment-edith-et-patrick-vuarnet-sont-tombes-sous-emprise-7900107465

Lire les articles l’Ordre du Temple Solaire sur le site de l’Unadfi : https://www.unadfi.org/mot-clef/ots-ordre-du-temple-solaire/

Le journaliste Thomas Huchon invité par l’Adfi Aube et l’Upop

Invité à l’initiative de l’Adfi Aube et de l’Université Populaire de l’Aube fin novembre, le journaliste Thomas Huchon est intervenu sur le complotisme lors d’une conférence donnée à la Maison du patrimoine de St Julien les Villas.

Thomas Huchon a expliqué les mécanismes du complotisme et le rôle des réseaux sociaux dans la propagation des théories conspirationnistes.

Interrogé sur les prochaines élections présidentielles, il a pointé trois risques majeurs induis par le complotisme : l’apparition d’un nouveau candidat 100% complotiste, l’utilisation d’arguments complotistes par des candidats et « l’émergence en permanence de fausses informations qui vont créer un débat dans lequel on ne peut pas discuter. »

Une vingtaine d’antivax s’étaient réunis à l’extérieur du bâtiment pour manifester leur opposition à la vaccination. Certains d’entre eux sont entrés pour tenter de monopoliser la parole au moment des questions, dont une représentante de Réinfo Covid, se présentant comme juriste bac +9, et un pharmacien. 

(Source : L’Est Eclair, 05.12.2021)

Validation de la mise en examen

A Saint-Denis de la réunion, la chambre d’instruction a rejeté la requête en nullité de la mise en examen d’Extravagance en qualité de personne morale. L’association sera bien poursuivie par la justice des faits de dérives sectaires à l’encontre d’anciens fidèles.

L’avocat d’Extravagance avait contesté la régularité de la procédure stipulant que les mises en examen de l’Eglise et de son leader n’auraient pas dû être prononcées conjointement et auraient dû faire l’objet de deux rendez-vous différents. La chambre d’instruction a jugé qu’aucune entorse n’avait été commise.

En outre, l’association avait fait appel de l’obligation de versement d’une caution de 60 000€, ce qui a aussi été rejeté par le juge d’instruction.  L’église avait alors réussi à réunir les fonds grâce au soutien financier de ses fidèles.   (Source : Clicanoo, 17.11.2021)

L’anthroposophie, un frein à la vaccination ?

Publiées récemment, des statistiques sur la vaccination ont montré que la zone germanophone a le taux de vaccination le plus faible d’Europe. Le Midi Libre à s’interroge sur d’éventuels liens de cause à effet avec la large implantation de l’anthroposophie dans cette aire géographique. Une interrogation largement partagée par la presse allemande.

Fondée au début du XXe siècle par l’ancien théosophe Rudolf Steiner, l’anthroposophie est un mélange de croyances chrétiennes, new age, hindouistes, mêlées de karma et d’occultistes. Si le siège central de l’organisation est situé à Dornach en Suisse, le mouvement est constitué de différentes structures fonctionnant de manière indépendante explique Ansgar Martins, professeur de philosophie des religions à l’université Goethe à Francfort. Néanmoins, présentes dans les secteurs bancaire, agricole, médical et scolaire, ces structures ont donné un large champ de diffusion aux concepts de l’anthroposophie dans la société.

Grand admirateur de Goethe, Rudolf Steiner a puisé aussi ses idées dans le courant romantique proche de la nature et critique de l’ère moderne. Selon Tobias Rapp, journaliste du Spiegel et ancien élève d’une école Waldorf, pour Steiner rien n’est impossible et des forces surnaturelles avec lesquelles il faut composer sont constamment à l’œuvre. C’est pour s’attirer leurs bonnes grâces qu’une série de rituels a été conçue par Rudolf Steiner. Ainsi, selon der Spiegel, l’agriculture biodynamique n’est pas seulement écologique, elle est ésotérique. Dans les laboratoires Weleda l’eau dans laquelle les substances sont dissoutes doit être secouée d’une certaine manière afin qu’elles puissent développer leur pouvoir.

Dans ce monde où tout a un sens, la maladie n’échappe pas à la règle. D’après des passages de l’œuvre de Steiner, les maladies doivent avant tout être combattues spirituellement pour permettre à l’âme d’évoluer et éventuellement « d’expier les méfaits des vies antérieures », explique Michael Blume, spécialiste des religions et commissaire à la lutte contre l’antisémitisme dans la région allemande du Bade-Wurtemberg. En outre, selon les croyances de Rudolf Steiner, ceux qui se font vacciner peuvent devenir sourds au message karmique ce qui explique le scepticisme des anthroposophes les plus convaincus envers la médecine conventionnelle et leur réticence à la vaccination.

Il est important de ne pas empêcher les enfants d’être malades car la maladie aurait pour vertu de favoriser leur développement en renforçant leur corps mais aussi leur âme.

Est-ce à cause de cette perception de la maladie que tant d’écoles Steiner ont été touchées par des épidémies de rougeole et sont aujourd’hui le foyer de contamination de Covid-19 ? Cela a été le cas fin novembre 2021 en Allemagne dans l’école Steiner de Borchen où 41 élèves et 12 enseignants ont été infectés par la Covid-19, ou dans celle de Fribourg où plus de 44 élèves et spectateurs d’un spectacle de cirque donné par l’école ont été infectés. Après enquête, l’inspection scolaire de Fribourg a découvert que 55 élèves et professeurs avaient été exemptés du port du masque. Les certificats avaient été réalisés dans des cliniques privées situées à Berlin et en Bavière et seuls trois d’entre eux étaient valides.

La presse a également rapporté le cas de médecins liés au mouvement qui ont « émis publiquement des doutes sur la réalité de la pandémie ou sur l’efficacité du vaccin » et ont préféré miser sur des traitements comme la poudre de météorite pour soigner la Covid.

Ainsi, pointe Tobias Rapp dans der Spiegel, les enseignements de Rudolf Steiner ont peut-être « un impact plus important sur notre société que beaucoup de gens ne le soupçonnent ».  (Sources : Der Spiegel, 15.11.2021 & Midi Libre, 23.11.2021)

« Amour et Miséricorde » : la parole des témoins

Le groupe de prière fondé par la « voyante », Eliane Deschamps, jugée pour abus de faiblesse, est décrit dès 2002 par plusieurs témoins et proches de ses adeptes comme un collectif qui joue sur la manipulation mentale de ses fidèles.

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Procès de la fondatrice du groupe de prière « Amour et Miséricorde »

Une femme gourou, Eliane Deschamps, 67 ans, fondatrice en 1999 de la secte présumée « Amour et Miséricorde», est jugée pour abus de faiblesse au tribunal judiciaire de Dijon. Elle prétend avoir vu et entendu la vierge et incarner un renouveau charismatique, enrôlant sous sa coupe des adeptes dans toute la France.

Elle se faisait appeler « la servante » ou « la voyante ». Après vingt ans de procédure, elle est jugée pour abus de faiblesse avec un autre membre de sa communauté, Daniel Delestrac, 75 ans, son « bras droit », ancien membre de l’Eglise de Scientologie. Ils sont accusés d’emprise et de comportements constitutifs de dérives sectaires.

Cette longue saga judiciaire témoigne des difficultés à caractériser ce type d’infraction. Marie Drilhon, vice-présidente de l’UNADFI, explique que « ce sont des dossiers compliqués à judiciariser parce qu’établir la preuve de l’emprise mentale sur des personnes majeures reste complexe.  Ce sont des groupes fermés, il n’y a pas de témoin direct, pas de traces pouvant caractériser l’abus de faiblesse ».

Dans ce procès, une douzaine de personnes, des anciens membres ou leurs proches, se portent partie civile.

Dès 2002, l’archevêque de Dijon avait interdit à la prévenue de faire du prosélytisme autour de ses supposées « apparitions ». En 2008, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait alerté sur « une structure non reconnue par l’Eglise et un groupe soumis à l’autorité de sa  » voyante  » qui tend à se refermer sur lui-même. » Des premières plaintes sont alors déposées mais aboutissent à un non-lieu. Après de nombreuses nouvelles plaintes, une information judiciaire est de nouveau ouverte en 2014. Interpellée sur les rebondissements de cette affaire, la Miviludes reconnait des comportements constitutifs de dérives sectaires.

Les trois axes judiciaires du procès concernent l’abus de faiblesse, l’abus de confiance et l’extorsion de fonds. Selon l’accusation, la prévenue a enfermé les membres de sa secte dans une « prison spirituelle ». Jérémy Demay, journaliste indépendant, auteur d’un ouvrage sur l’affaire, pointe également les dérives d’ordre financier, montrant que les membres de la communauté sont incités à céder leurs biens et à verser des pensions conséquentes. Des soupçons de détournement d’héritage ont aussi fait l’objet de discussions lors du procès.

Les prévenus étaient passibles de cinq ans d’emprisonnement et 750 000 Euros d’amende. L’état de santé d’Eliane Deschamps ayant été jugé peu compatible avec un emprisonnement, un an de prison avec sursis a été requis au final. (Sources : Le Figaro, 23.11.2021 & TV5Monde, 23.11.2021 & 20 Minutes, 22.11.2021 & France Bleu Bourgogne, 22.11.2021 & Le Parisien, 22.11.2021)