La notion d’addiction permet-elle une meilleure compréhension du phénomène sectaire ?

Anne Fournier, agrégée d'histoire, diplômée de l'IEP de Paris, conseillère à la MIVILUDES jusqu'en 2008.

Jusqu’ici, le concept le plus utilisé dans l’étude du phénomène sectaire est celui d’emprise – ou, comme le dit la loi About-Picard, « la mise en état de sujétion ».
Ce que cerne l’emprise, c’est la volonté en actes du gourou ou du leader de groupe d’asservir à son projet de nombreux ou quelques adeptes. Ceux-ci sont alors perçus comme « victimes » de menées qui les dépassent, et contre lesquelles ils ne peuvent rien, mis en état de faiblesse par la crise personnelle qu’ils traversent.

Parler d’addiction , c’est d’abord renverser la perspective : c’est du côté de l’adepte que se posent les questions. Ce renversement de la perspective devra être interrogé, pour appréhender ce qu’il apporte en termes de prévention ou d’aide aux victimes de sectes.

Parler d’addiction, c’est parler de personnalité addictive, de personne en manque : cela détruit l’idée largement admise que n’importe qui est manipulable. Cela engendre en revanche l’idée qu’il y a des personnalités particulières susceptibles de devenir adeptes, qu’il y a un « profil d’adepte sectaire ». (…)

 

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