Communiqué de presse de l’Unadfi du 01.02.2022

Près de 20 ans après les premières plaintes, après 7 ans de parcours judiciaire, le Tribunal correctionnel de Dijon vient de condamner Eliane Deschamps, fondatrice du groupe de prière Amour et Miséricorde, à deux ans de prison aves sursis et 62 000 € de dommages et intérêt. Son bras droit Daniel Delestrac a écopé d’une peine identique.

L’Unadfi, soutien de certaines victimes et de leurs familles depuis de nombreuses années, salue ce verdict dans lequel elle voit une reconnaissance de la réalité de l’emprise sur des adeptes soumis à un isolement psychologique accentuant leur vulnérabilité. Dénoncés à plusieurs reprises par les avocats des parties civiles, les aléas et la longueur exceptionnelle  de la procédure ont malheureusement permis aux deux dirigeants d’installer et de contrôler de façon durable des ruptures entre les adeptes, encore dans ce groupe, et leurs proches. 

Eliane Deschamps et Daniel Delestrac ont fait appel de la décision du Tribunal correctionnel.

Un émouvant adieu

Ils avaient entre 6 et 14 ans lorsque leur père, ébloui par les promesses de la Scientologie, a fini par quitter le domicile familial, laissant leur mère élever seule quatre enfants. Pendant 30 ans, d’année en année, leur père a gravi tous les échelons, s’endettant toujours plus, jusqu’à parvenir aux plus hauts grades de l’organisation. Une dernière cure de purification a eu raison d’une santé déjà fragile et il est décédé aux Etats-Unis, au siège de la Scientologie. Après bien des difficultés, les enfants ont pu faire rapatrier ses cendres et se réunir pour une cérémonie à sa mémoire. Ils ont accepté de partager avec les lecteurs de BulleS ce témoignage de vies bouleversées par l’emprise de la Scientologie sur leur père.

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Education aux médias et à l’information

Depuis juillet 2013, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) est intégrée dans le code d’éducation. L’article L111-2 stipule que la formation scolaire doit développer « les connaissances, les compétences et la culture nécessaires à l’exercice de la citoyenneté dans la société contemporaine de l’information et de la communication. » l’EMI enseignée aux plus jeunes doit ainsi leur permettre d’utiliser les médias et l’information avec discernement tant pour un usage personnel que dans un futur cadre professionnel.

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La Scientologie pourra s’installer à Saint-Denis

Fin décembre 2021, la cour d’appel administrative de Paris a confirmé l’annulation d’un arrêté municipal empêchant l’installation à Saint-Denis (93) du « centre de formation » de la Scientologie. Depuis l’acquisition du bâtiment par le groupe en 2017, la mairie s’opposait à l’installation d’un centre scientologue sur son territoire.

Dans sa décision la cour d’appel administrative de Paris précise que le refus des travaux par la municipalité constituait un « détournement de pouvoir ». Cette décision se base notamment sur des déclarations publiques d’élus de la ville montrant leur hostilité au projet. En 2019, la mairie de Saint-Denis avait refusé par un arrêté que le bâtiment devienne un établissement recevant du public, stipulant des failles en matière de sécurité incendie et d’accessibilité aux personnes handicapées. En 2020, le tribunal de Montreuil avait annulé l’arrêté municipal.

À la suite de la décision en appel, la municipalité doit réexaminer sous trois mois la demande d’autorisation de travaux. 

(Sources : 20 minutes, 21.12.2021 & Le Figaro, 21.12.2021 & Libération, 21.12.2021)

Lire à ce sujet :

– La Scientologie va-t-elle pouvoir s’installer à Saint- Denis ? : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/la-scientologie-va-t-elle-pouvoir-s-installer-a-saint-denis/

– La Scientologie prend racine en région parisienne : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/la-scientologie-prend-racine-en-region-parisienne/ 

Réactions sur l’installation de la Scientologie à Saint-Denis : https://www.unadfi.org/non-classe/reactions-sur-linstallation-de-la-scientologie-a-saint-denis/

Chef indien, chaman et violeur

Début décembre 2021, un chaman surnommé « Loup Blanc » a été mis en examen et placé en détention provisoire à Nîmes pour des faits de viols, agressions sexuelles et abus de faiblesse. Cela fait suite à un signalement auprès de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) de la part d’anciennes adeptes.

Aujourd’hui septuagénaire celui qui se fait appeler « Loup Blanc » exerce depuis de nombreuses années en tant que chaman. Il aurait pris conscience de son pouvoir mystique à l’âge de 7 ans et il y a une trentaine d’années Sitting Bull lui serait apparu et lui aurait affirmé qu’il « fut un grand chef indien ». Entouré d’environ 200 fidèles, il vend de nombreux produits (cd, livres) et organise des initiations qui permettent selon lui d’ « évoluer vers un autre plan de conscience ». Ces stages qui durent deux jours coûtent entre 200 et 350 euros plus 150€ pour l’hébergement. C’est lors de ces séances que le gourou aurait commis des abus sexuels sur certaines fidèles.

Outre les faits de viols et d’agressions sexuelles, le chaman aurait profité de ses fidèles et de leur argent pour financer un train de vie luxueux. Il roulait dans une voiture luxueuse et vivait dans un château alors qu’il préconisait par ailleurs un mode de vie frugal et un retour à la nature.  La plupart des biens ne sont pas à son nom mais à celui de fidèles qui achètent les biens mis à la disposition exclusive du chaman. Différentes propriétés habitées par le gourou ont été perquisitionnées pour l’enquête. Les autorités ont découvert d’importantes sommes d’argent liquide et de l’or.

C’est à la fin de l’année 2020 que deux femmes ont dénoncé à la Miviludes les abus sexuels commis par le gourou à leur encontre ainsi que l’emprise exercée par « Loup Blanc ». Les abus auraient été commis sous l’emprise de l’ayahuasca, une plante aux vertus psychédéliques. A la suite de cette dénonciation, plusieurs autres victimes se seraient manifestées.

Dans l’attente de son procès, le chaman a été placé en détention provisoire.  

(Sources : Le Parisien, 09.12.2021 & Midi Libre, 09.12.2021 & France Bleu, 10.12.2021)

Des associations appellent au renforcement de la Miviludes

Devant la croissance et la diversification du phénomène sectaire, la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et plusieurs associations ont demandé, dans un communiqué publié le 27 décembre 2021, davantage de moyens pour la Miviludes.

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La mouvance évangélique dans l’hexagone

Selon des données communiquées en exclusivité à l’Express, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a reçu plus de 190 saisines concernant la mouvance évangélique en 2021. Deux points semblent inquiéter plus spécifiquement : les abus financiers et les promesses de guérison miraculeuse.

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Témoignage d’une ancienne adepte du groupe Amour et Miséricorde

Dans un podcast mis en ligne sur le site du journal Les Dernières nouvelles d’Alsace, Isabelle, une ancienne adepte du groupe Amour et miséricorde, raconte son parcours depuis son entrée, en 1999, jusqu’à sa sortie 13 ans plus tard. Elle a témoigné contre Eliane Deschamps, la fondatrice du groupe, lors du procès1 qui s’est ouvert le 22 novembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Dijon.

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Le Sénat vote en faveur de l’interdiction des thérapies de conversion

La Haute assemblée, après l’Assemblée nationale, a adopté à 305 voix contre 28 une proposition de loi soutenue par le gouvernement interdisant les pratiques qui visent à imposer l’hétérosexualité aux personnes lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT).

Les sénateurs ont dénoncé des pratiques qualifiées de « barbares, « indignes » et « d’un autre âge ». La proposition de loi prévoit un délit spécifique pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 Euros d’amende contre les « thérapeutes » ou religieux qui prétendent « guérir » les homosexuels et les transsexuels.

Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, a dénoncé ces pratiques comme « des atteintes insupportables à l’intégrité humaine ». Ces actes pouvaient déjà tomber sous le coup de la loi quand ils étaient associés à des violences, abus de faiblesse,
exercice illégal de la médecine, harcèlement ou discrimination. Or il s’agit, selon la ministre, de mieux identifier le délit. Comme le précise le rapporteur Dominique Vérien, « nommer le délit c’est poser une interdiction franche et c’est reconnaître le mal qui est fait ».

Députés et sénateurs, après des débats vifs, doivent désormais s’accorder sur une version commune du texte pour faire adopter la loi, mais l’Assemblée nationale, très majoritairement favorable au texte, aura le dernier mot.

D’autres pays ont déjà interdit ces pratiques en Europe (Malte, Allemagne, Espagne). Au Canada un projet de loi a été adopté début décembre..  

(Sources : Huffington Post, 08.12.2021 & Le Monde, 08.12.2021)

Les jeunes séduits par les théories complotistes ?

Début décembre 2021, une étude réalisée par l’institut de sondages CSA pour Milan Presse a montré que 85% des 10-15 ans sont séduits par une théorie complotiste et environ un quart estime que les médias « traditionnels » les manipulent.

Pour Jérémie Peltier, directeur d’études à la Fondation Jean Jaurès et auteur de plusieurs études sur le complotisme, les jeunes sont plus exposés aux théories du complot car ils s’informent pour la plupart sur les canaux de diffusion les plus utilisés pour la diffusion de contenus complotistes. Il ajoute qu’il peut y avoir « quelque chose de gratifiant » à croire en une théorie du complot. Allant dans ce sens, la psychanalyste Claude Halmos admet qu’une des raisons qui poussent les adolescents vers les théories du complot est le sentiment de supériorité qu’elles peuvent procurer.  Ce sentiment de supériorité, qui s’acquiert d’ailleurs rapidement sans avoir vraiment étudié un sujet, peut permettre de compenser un sentiment d’infériorité chez des adultes et chez les plus jeunes il exprime aussi une révolte contre un manque de reconnaissance notamment dans le cercle familial.

Ces croyances représentent un danger pour les plus jeunes compte tenu de leur fragilité. Les jeunes peuvent aussi subir l’impact de certains influenceurs ou célébrités qui font office de figure morale et d’autorité, mais répandent de fausses informations et des théories complotistes notamment sur la Covid19 sans se soucier de leur dangerosité.

Face à cette prolifération, les parents jouent un rôle important et doivent échanger avec les enfants dès leur plus jeune âge sur ces sujets. Ils doivent apporter des réponses à leurs questionnements avec discernement avant qu’ils ne choisissent d’aller chercher des explications ailleurs. L’éducation aux médias et à l’information relève de l’ensemble des adultes et en premier lieu de la famille. Le sondage prouve en effet que pour les 10-15 ans les parents restent la première source d’information. 

(Sources : France Info, 03.12.2021 & 11.12.2021 & La Croix, 01.12.2021)