Si la pandémie a créé une chambre d’écho parfaite pour les théories du complot, ces dernières ont aussi entrainé des ruptures au sein de familles. Éclairé par l’analyse de l’Unadfi, France 24 a recueilli le témoignage d’individus touchés par ce phénomène et montre en quoi cette problématique est proche de l’emprise sectaire.
Au cours de l’année 2020, l’Unadfi a pu observer une hausse de 12% de demandes d’aide. Pour Pascale Duval, porte-parole de l’Unadfi, les théories du complot et leur accentuation lors de la pandémie de Covid-19 sont responsables de cette hausse. En effet l’activité sectaire est souvent en hausse lors d’évènements comme des catastrophes naturelles, humanitaires ou sanitaires. Par peur ou déni de la réalité, on recherche des explications plus « crédibles » permettant d’expliquer et pointer du doigt des responsables. Les personnes qui commencent à consulter des contenus complotistes deviennent bien souvent de plus en plus perméables à l’irrationnel et vulnérables face aux algorithmes qui vont leur proposer des contenus complotistes en abondance. Dans de nombreux cas les croyances conspirationnistes et les ruptures pouvant en découler arrivent à un moment où l’individu est dans une situation de vulnérabilité pouvant tenir à de nombreux facteurs : problèmes familiaux, financiers, professionnels ou de santé. Les ruptures induites lors de l’adhésion à des théories complotistes sont du même ordre que celles constatées de manière quasi-systématique dans les affaires sectaires. Il n’existe pas de profil type mais certains comportements sont plus enclins à amener vers des croyances conspirationnistes comme une méfiance généralisée vis-à-vis des institutions et de la politique ou une appétence pour des idées allant à l’encontre des courants dominants.
A mesure que des personnes adhèrent rapidement et progressivement à ces théories complotistes des ruptures s’opèrent et les premiers à en souffrir sont souvent les proches. Ce sont eux qui se tournent le plus souvent vers les associations d’aide aux victimes, se sentant démunis, n’arrivant plus à dialoguer et à la recherche d’aide. Pascale Duval évoque l’appel d’une mère décrivant son impression d’avoir perdu son fils depuis que celui-ci adhéré à des théories conspirationnistes.
Les croyants aux théories complotistes sont liés émotionnellement à leurs croyances, ce qui rend encore plus difficile le dialogue avec leurs proches ne partageant pas les mêmes idées. Il est peu fréquent qu’une personne complotiste sorte de son schéma de pensée à la suite d’une confrontation avec quelqu’un, le plus souvent cela vient d’une prise de conscience personnelle.
(Source : France 24, 06.10.2021)