Non-lieu en faveur des Témoins de Jéhovah

Le 5 octobre 2021, la chambre du conseil de Bruxelles a prononcé un non-lieu en faveur de l’ASBL Témoins de Jéhovah poursuivie depuis trois ans dans le cadre d’une enquête pour « non-divulgation organisée » d’abus sexuel.

La Cour a estimé qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes de dissimulation de crimes et que ceux-ci s’étant déroulés dans la sphère intra-familiale, ils ne pouvaient être imputés à l’ASBL.

Une enquête avait été ouverte en 2018 par le parquet fédéral après que plusieurs victimes abusées sexuellement au sein de la communauté et le Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (Ciaosn) aient signalé dans les médias que l’organisation de Témoins de Jéhovah ne dévoilerait pas à la police les abus sexuels se déroulant en son sein et tiendrait des procès internes. Malgré une perquisition au siège social de l’ASBL en avril 2019, et bien que la chambre du conseil ne mette pas en doute la qualité des témoins, il a été impossible de prouver les faits.

Kerstine Vanderput, directrice du Ciaosn, explique : « Notre cadre légal nous obligeait à transmettre les pièces à notre disposition au parquet fédéral quand celui-ci a ouvert son enquête. » Concernant le nombre de victimes, la directrice préfère ne pas se prononcer afin de garantir leur anonymat et leur sécurité, mais précise que le centre est toujours sollicité sur cette problématique.

Une partie des témoignages de victimes avaient été reçus par l’association Reclaimed Voices Belgique. Son coordinateur, Patrick Haeck, se souvient avoir entendu des dizaines de victimes à l’époque. Lui-même ex-Témoin de Jéhovah faisait partie des « anciens » qui présidaient les « comités judiciaires ». Le jour où il a voulu dénoncer un pédophile qui avait fait 10 victimes, il a été menacé d’être déchu de ses responsabilités. Après cela il a quitté l’organisation.

Selon lui, les agresseurs sont protégés par le fait que la victime doive prouver qu’elle a crié pendant l’agression pour ne pas être considérée comme consentante, et par l’obligation de produire deux témoins des faits. Il estime que « chaque congrégation a au moins un abuseur dans ses rangs ».

En réaction à cette affaire, les Témoins de Jéhovah ont lancé, en juin 2021, une action civile en diffamation contre le Ciaosn, dont la première audience devrait se tenir le 5 mai 2022. Par ailleurs, l’Asbl est citée à comparaître le 30 novembre 2021 devant la cour d’appel de Gand, suite à sa condamnation en première instance pour incitation à la discrimination et à la haine ou à la violence contre d’anciens membres de la communauté.

(Sources : Sud Info, 21.10.2021 & Le Soir, 22.10.2021)

  • Auteur : Unadfi