Pourquoi l’Occitanie attire-elle les groupes complotistes ?

La survenue de la pandémie a dévoilé au grand jour le phénomène complotiste et en a accéléré l’expansion. Essentiellement actifs sur internet, certains groupes se sont organisés physiquement, à l’image de One Nation ou de RéinfoCovid qui ont choisi de s’installer en Occitanie.

Le premier a suscité la polémique en octobre en voulant acquérir un domaine de 200 hectares dans le Lot, tandis que le second envisage de fonder un écolieu dans l’Aveyron. Autre figure du complotisme, Rémy Daillet, mis en examen en juin pour complicité d’enlèvement dans l’affaire Mia et plus récemment pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », a vécu pendant une dizaine d’années en Haute-Garonne. Thierry Casasnovas, un autre gourou visé par une information judiciaire pour exercice illégal de la médecine, est lui basé à proximité de Perpignan.

La crise du Covid et les confinements ont fait naitre pour beaucoup l’envie de se rapprocher de valeurs essentielles, de la nature, et pour Gérard Fodor, président de l’Association de Défense des Familles et de l’Individu (Adfi), la ruralité de l’Occitanie se prête bien à ces aspirations. Le prix peu élevé de l’immobilier est aussi un argument pour s’installer dans la région. La proximité d’une ville comme Toulouse est également pratique pour accueillir des « conférences ou de grands événements » ajoute-t-il.

Mais l’installation des groupes complotistes dans des lieux isolés est problématique selon Gérard Fodor, qui explique que « très souvent, on ne s’aperçoit du danger potentiel que lorsque le projet complotiste a atteint un stade avancé dans son déploiement. » Néanmoins, tempère-t-il, « en s’établissant dans les campagnes, ils sont forcément beaucoup plus remarqués par les habitants ou les gendarmes ».

Désormais affiché au grand jour, le complotisme dévoile son visage sectaire. Même si la frontière entre complotisme et sectarisme est assez floue, le lien entre les deux est clair selon Pascale Duval, porte-parole de l’Unadfi, car « les mouvements sectaires comportent nécessairement une part de complotisme ». « Pour que l’emprise sectaire se maintienne, il faut qu’il y ait une peur d’en sortir et donc désigner un ennemi, un responsable. »

En tout état de cause, le sujet inquiète et est pris au sérieux par l’Etat qui a créé une commission, présidée par le sociologue Gérald Bronner, qui devra donner d’ici décembre des propositions visant à lutter contre le phénomène.

(Source : La Dépêche, 24.10.2021)

  • Auteur : Unadfi