Mort du Père Jacques Trouslard, actif défenseur des victimes de sectes

Le Père Jacques Trouslard s’est éteint au centre hospitalier de Soissons, à l’âge de 87 ans.

Se définissant lui-même avec humour comme un « obsédé sectuel », il n’aura jamais renoncé à batailler contre les dérives des sectes, dénonçant, ainsi qu’il le disait lors d’une interview, « tous les comportements, tous les agissements qui portent atteinte aux droits de l’Homme et quels que soient les groupes, quelles que soient les croyances qui en sont à l’origine ».

Tout avait commencé en 1982, époque où Jacques Trouslard était vicaire général au diocèse de Soissons. Son évêque lui demanda alors de se rapprocher d’une mère de famille qui souhaitait avoir des renseignements sur une secte dont le siège se trouvait à Saint-Erme (Aisne). Cette mission constituera « un tournant » dans sa vie. Dans l’un de ses écrits, le Père Trouslard relate que c’est la secte de Saint-Erme qui lui fit découvrir en 1982 le phénomène des faux souvenirs incestueux (1). Au cours de cette mission, il visitera en France et en Belgique environ 250 familles qui lui firent part des « dérives sectaires dont elles-mêmes et leurs enfants étaient victimes ».
La secte comprenait 380 adultes, de 30 à 40 ans, parmi lesquels 72 médecins, une vingtaine de professeurs d’université, des psychiatres, des psychologues, des psychothérapeutes et des infirmières ».

Le Père Trouslard ne parvenait pas à s’expliquer comment « des personnes d’un tel niveau culturel et scientifique » avaient pu s’abandonner aux aberrations qui se vivaient dans la secte et être à ce point manipulées par un gourou charismatique et destructeur.
La première « bataille » du Père Trouslard sera suivie de beaucoup d’autres et il sera reconnu comme un spécialiste du phénomène sectaire. Sollicité pour d’autres enquêtes, il avait démissionné de ses fonctions de vicaire général pour se consacrer à cette tâche et en 1984, son évêque l’avait nommé « délégué à la documentation sur les sectes ».

Dès le début, il s’était engagé aux côtés des associations de défense des victimes de sectes et a toujours « soutenu et encouragé avec force l’action des pouvoirs publics contre les dérives sectaires », rappelle le président de la Miviludes, Georges Fenech, ajoutant qu’il a « largement contribué avec courage et abnégation à l’éveil de la conscience collective face au phénomène sectaire ».

En 1996 et 1999, le Père Trouslard avait été entendu par les missions parlementaires enquêtant sur les sectes puis sur les sectes et l’argent. En 2002, il avait été décoré de la Légion d’Honneur au titre de son action pour les victimes de sectes.

Ses funérailles se sont déroulées le 19 février 2011 dans la cathédrale de Soissons.

Source : L’Union & AFP, 16.02.2011 & « Mes vrais souvenirs des faux souvenirs incestueux, Père Trouslard, 2005

(1) Lire le texte intégral du Père Trouslard : « Mes vrais souvenirs des faux souvenirs incestueux ».