
Aux quatre coins du monde, des femmes ont décidé de braver les traditions religieuses conservatrices. Ces militantes s’emparent de leur foi comme levier d’émancipation.
Dans le christianisme, des collectifs comme Toutes Apôtres ! questionnent les autorités ecclésiastiques et remettent en question la place subalterne des femmes dans l’Église. Sa cofondatrice, Alix Bayl, dénonce une hiérarchie masculine infondée théologiquement et milite pour une relecture inclusive des textes. Elle met en lumière l’existence de femmes diacres oubliées « parce qu’au fil des siècles, des traductions ou interprétations ont masculinisé ces figures féminines ».
Ce constat de marginalisation, des féministes musulmanes le font également. Lina Beji explique que la réappropriation passe par la lutte contre les stéréotypes externes et les interprétations patriarcales internes : « Dans la société laïque, islam est souvent associé à oppression. Et dans certaines communautés, des femmes qui revendiquent sont perçues comme trop occidentales… Alors même que dans le Coran, il y a des versets qui prônent la libération des femmes et leurs droits ». Des penseuses comme Amina Wadud, théologienne afro-américaine, ou la Marocaine Asma Lamrabet revendiquent leur spiritualité mais affirment que les textes fondateurs, replacés dans leur contexte, peuvent être sources d’égalité.
Dans le judaïsme, des voix comme celle de Colette Lemler, autrice du podcast Notre Haggadah, s’élèvent pour valoriser les figures féminines et repenser les rituels religieux en incluant les femmes. Son engagement est né d’un questionnement personnel autour de la transmission de sa foi à sa fille.
Au-delà de leurs différences religieuses, ces femmes partagent une volonté commune de concilier spiritualité et égalité. Pour elles, le féminisme n’est pas une opposition à leurs croyances, mais un moyen de les incarner avec plus de justice.
(Source : RTBF, 24.04.2025)