Lors d’un récent colloque (1) sur les victimisations émergentes, organisé par l’Association québécoise Plaidoyer-Victimes, Josh Seanosky, 32 ans, survivant d’un milieu sectaire au Québec, a expliqué avoir été entraîné dès son plus jeune âge à répondre à la Direction pour la Protection de la Jeunesse du Québec (DPJ).
Il a grandi sous l’autorité du pasteur Claude Guillot, dirigeant de l’Église baptiste évangélique de Québec-Est, et a été pensionnaire de 2001 à 2013 dans une école biblique clandestine installée dans le sous-sol de la maison du du pasteur. Josh Seanosky décrit un environnement marqué par la violence et les sévices : il a été frappé avec des palettes de bois de tailles croissantes, dont il a montré un exemplaire de 15 cm sur 30 cm et 2 cm d’épaisseur. Il vivait dans la peur d’un leader religieux « au-dessus de tous », utilisant des symboles de foi pour instaurer la terreur, et craignait encore plus la DPJ, présentée comme « le mal incarné ». Il dit que les enfants étaient soumis à un conditionnement et à un isolement social extrêmes, assimilables à un lavage de cerveau.
Selon Josh, les enfants étaient préparés à rencontrer les intervenants de la DPJ : séances de mise en scène, questions types, consignes pour dire ce qu’il fallait afin d’éviter d’être retirés du milieu, ce qui était perçu comme une menace. Des plaintes ont été déposées pour lui et son frère, sans succès car les enfants n’ont jamais été rencontrés seuls. Si cela avait été le cas, il estime que son frère aurait parlé. Il exhorte les intervenants à persister et à exiger des rencontres individuelles. Il considère que l’enseignement à domicile devrait être un signal d’alerte dans ce contexte.
Lorraine Derocher, professeure et chercheuse (2), rappelle qu’un chef de secte n’a pas d’autorité parentale. Guillot prétendait être tuteur légal, ce qui était faux, et pour maintenir le contrôle il empêchait les rencontres privées. Josh n’a eu aucun contact avec ses parents pendant 13 ans !
(Source : Le Devoir, 24.11.2025)
(1) Victimisations émergentes ou moins connues : comprendre, agir et prévenir.
(2) Professeure au Centre d’études du religieux contemporain de l’Université de Sherbrooke et chercheuse au Centre de recherche sur l’enfance et la famille de l’Université McGill
