Le recrutement dans les campus inquiète les universités

Une secte chrétienne apocalyptique ciblerait ses nouvelles recrues dans les campus universitaires australiens. D’anciens membres tirent la sonnette d’alarme et demandent aux autorités d’intervenir.

L’église Shincheonji est originaire de Corée du Sud, mais est présente dans le monde entier, notamment dans les grandes villes australiennes. Elle est enregistrée comme organisme de bienfaisance à but non lucratif, ce qui lui permet de bénéficier d’exonérations fiscales. « Les adeptes croient qu’ils sont destinés au paradis, tandis que tous les autres sont condamnés à l’enfer éternel. L’adhésion permet d’accéder à la connaissance secrète du royaume des cieux et à la seule véritable interprétation de la Bible » expliquent d’anciens membres qui veulent aujourd’hui que le gouvernement agisse. Ils affirment que l’organisation utilise des techniques coercitives telles que la privation de sommeil et la violence verbale. Et plusieurs universités ont récemment exprimé leur inquiétude face au fait que des membres de l’église se font passer pour des étudiants afin de recruter. Dans certains cas, ils utilisent des salles sur le campus pour organiser leurs réunions présentées comme des événements pour les jeunes, sans révéler leurs liens avec le groupe. La vice-chancelière adjointe de l’Université catholique australienne, la professeure Julie Cogin, explique que les premières démarches des recruteurs de Shincheonji se font souvent dans les bibliothèques ou les cafés. Elle dit avoir alerté à plusieurs reprises. Ils s’infiltreraient aussi lors des journées portes ouvertes pour convaincre des étudiants de première année, qu’ils appellent « freshies », de les rejoindre pour des réunions bibliques hors des campus. La machine se mettrait alors en route. Plusieurs anciens membres expliquent « que ce qui semble être une innocente tentative d’amitié est en fait une tactique manipulatrice ». Selon eux, « ils éloignent ensuite leurs recrues de leurs familles, de leurs amis et de leurs réseaux de confiance. Puis ils leur demandent de s’engager de plus en plus en donnant de leur temps mais aussi et surtout de d’argent. »

Des chiffres alarmants

Selon des chiffres présentés aux membre de Brisbane lors d’une réunion de direction de l’université, en août 2024, ils seraient ainsi 700 membres à Sydney, 350 à Brisbane, 1 200 à Melbourne, 210 à Adélaïde et 400 à Perth. Se disant « préoccupée », l’université a adressé un mail au personnel et aux étudiants appelant à la vigilance. D’anciens membres souhaitent, pour leur part, que le procureur général fédéral, Mark Dreyfus, fasse pression pour que « ces méthodes trompeuses utilisées par des groupes religieux deviennent une infraction pénale ». La Nouvelle- Galles du Sud a été la première juridiction à introduire des lois faisant du contrôle coercitif une infraction pénale autonome, mais que dans le contexte de relations entre partenaires intimes. Le Queensland suivra en 2025. D’autres États ont interdit certains éléments de contrôle coercitif, là encore uniquement dans le cadre de relations familiales.

Interrogée sur ces allégations, l’église Shincheonji n’a pas souhaité répondre au Guardian. Sur son site, elle réfute être une secte. Elle se décrit comme « un temple de Dieu (…) » soulignant que « le Seigneur de Shincheonji est Jésus-Christ qui a é té tué ».

(Source : The Guardian, 15.10.2024)

A lire aussi sur le site de l’Unadfi : Que sait-on de Shincheonji ? : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/que-sait-on-de-shincheonji/

  • Auteur : Unadfi