L’association caritative de lutte contre les addictions, liée à la Scientologie, est accusée de soumettre des personnes vulnérables à des exercices psychologiques qui les laissent « traumatisées » et dans des « états de transe ». Elle vient d’être réprimandée par la Charity Commission.
L’organisme de surveillance a ordonné à Narconon UK de remédier à une « série de lacunes » après qu’une enquête ait identifié des violations de la loi sur les organismes de bienfaisance et des problèmes de gestion. L’association caritative, qui gère un centre de réadaptation privé dans la zone rurale de l’East Sussex, « doit également être plus transparente sur son approche thérapeutique et ses liens avec l’Église de Scientologie », a déclaré la Charity Commission.
Cette mesure réglementaire intervient après une enquête de neuf mois menée par l’Observer qui a révélé que les personnes qui cherchaient de l’aide pour des problèmes de drogue et d’alcool dans le centre Narconon de Heathfield étaient soumises à des exercices similaires à ceux utilisés dans le processus d’audition de la Scientologie. Des experts indépendants ont déclaré que ces exercices rappelaient « un camp d’entraînement militaire ou un entraînement à l’obéissance » et ne semblaient « pas avoir d’effet thérapeutique ».
Quatorze plaintes déposées
Sheila Maclean, directrice de Narconon au Royaume-Uni, a déclaré que les problèmes signalés par la Commission caritative avaient été « résolus avec succès », ajoutant : « Nous apprécions et saluons leurs conseils ». Elle a précisé que « bien que le programme ait été développé par le fondateur de la Scientologie L. Ron Hubbard, il ne nécessite aucune croyance religieuse ». Faisant la promotion d’une approche de réhabilitation « holistique, non médicale et laïque », Narconon a rejeté les allégations selon lesquelles ses méthodes pourraient nuire et a jugé l’enquête de L’Observer « mensongère ».
Mais d’anciens participants persistent et se disent « traumatisés » après avoir participé à ce programme qui coûte environ 15 000 £.
La Charity Commission intervient en l’absence d’implication d’autres régulateurs. En effet, bien que la Care Quality Commission (CQC) supervise les services de lutte contre la toxicomanie, elle a souligné que Narconon ne relevait pas de sa compétence car son approche est « alternative ».
Reste que quatorze plaintes ont été déposées et que le ministère de la Santé et des Affaires sociales prend les choses très au sérieux. Il a déclaré qu’il était « en dialogue actif avec le CQC au sujet de Narconon ». En attendant, il invite « toute personne ayant des inquiétudes à en parler à l’autorité locale compétente ou à contacter la police si quelqu’un est en danger immédiat ».
(Source : The Guardian, 20.10.2024)
A lire sur le site de l’Unadfi : Des patients traumatisés après un séjour en centre de désintoxication : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/des-patients-traumatises-apres-un-sejour-en-centre-de-desintoxication/