
De plus en plus populaire en Nouvelle-Zélande, Shincheonji fait face à de lourdes accusations. Une journaliste a enquêté au cœur de la communauté. L’Église a accepté de la laisser interviewer trois membres. Mais lors des entretiens, deux hauts dirigeants étaient présents et les ont interrompus pour suggérer des réponses alternatives…
Indira Stewart était curieuse de savoir combien de personnes du Pacifique avaient intégré Shincheonji et pourquoi elles étaient si dévouées aux enseignements de Lee Man-Hee, ce Coréen de 93 ans qui ne parle pas anglais et prétend être la seule personne capable d’interpréter la Bible ? Elle a donc décidé de se rapprocher de cette église coréenne. Sans a priori. Au fil du temps, elle a remarqué que les gens qu’elle connaissait et qui avaient rejoint Shincheonji changeaient. Ils s’éloignaient des personnes extérieures à l’Église. Et plus elle s’est intéressée à l’Église, plus elle s’est posé des questions.
La première fois qu’elle a été invitée au temple, elle a été marquée par la propreté du lieu. Un côté du couloir était bordé de photos encadrées, parfaitement espacées, montrant les quelque 300 membres des églises Shincheonji de Nouvelle-Zélande à Auckland et Wellington. Tous étaient habillés de la même manière : chemise blanche et jupe noire pour les femmes, pantalon noirs et cravate rose pour les hommes. Des enseignements, elle retient « des mots positifs, des mots d’amour, des mots de pardon, des mots de sacrifice » avec une obsession : « plaire à Dieu et véhiculer une image irréprochable ». Mais cette posture de perfection cache une réalité plus complexe. D’anciens membres lui ont confié que les dirigeants leur avaient conseillé de ne pas chercher Shincheonji sur Internet. Une recherche rapide sur Google du mot « Shincheonji » ou « New Heaven, New Earth » (son nom anglais) peut expliquer pourquoi. De nombreux articles, blogs, podcasts et documentaires réalisés dans le monde entier affirment que « Shincheonji est une secte », à grand renfort de témoignages évoquant de « des pratiques d’emprise, un contrôle de l’organisation sur les fidèles, de pressions et des préjudices financiers ».
Perfection de façade mais manque de transparence
Une carte du monde à l’intérieur du temple Shincheonji d’Auckland montre que l’église est présente dans neuf pays du Pacifique. La communauté de Nouvelle-Zélande connaîtrait la croissance la plus importante.
Après de nombreuses sollicitations, Indira Stewart a pu rencontrer la dirigeante. Connue sous le nom de Christy, elle est particulièrement discrète. Elle n’est pas mentionnée sur le site Web de Shincheonji et n’apparaît sur aucune page de ses réseaux sociaux. Elle s’appellerait en fait Namgung Hyunok. Âgée de 47 ans, elle aurait rejoint Shincheonji il y a environ quinze ans. Comptable, elle aurait étudié et exercé à New York avant d’être envoyée en Nouvelle-Zélande par le siège de l’église en Corée en 2021 pour remplacer l’ancien dirigeant de l’église. La rencontre s’est avérée stérile, la femme ayant esquivé toutes les questions gênantes avec de larges sourires, parfois des rires, et des réponses vides. Ce qui semble conforter les allégations de manque de transparence souvent faites à l’encontre de la communauté. Selon la journaliste, qui concède des comportements similaires dans d’autres mouvements, « les églises ont beau être promptes à présenter une image de bonté et de charité, elles ont tendance à mettre sous le tapis tout ce qui est impie ». Des propos partagés par un spécialiste qu’elle a interrogé : « L’église est un hôpital, ceux qui y vont sont malades et ont besoin de guérison. Le problème est systémique, c’est la soumission aveugle envers les dirigeants religieux ».
(Source : 1News, 17.12.2024)
A lire aussi sur le site de l’Unadfi : Mise en garde d’un ex-adepte de Shincheonji : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/mise-en-garde-dun-ex-adepte-de-shincheonji/