Jean-Pierre Jougla, avocat honoraire et spécialiste des dérives sectaires au sein de l’ADFI pour l’Hérault, le Gard et la Lozère, tire la sonnette d’alarme face au nombre élevé de signalements en Occitanie. Ils concernent principalement des groupes liés au bien-être, à la santé et au New Age.

Selon Jean-Pierre Jougla, l’essor des influenceurs et coachs en ligne séduit des personnes fragilisées par un climat d’incertitude. Deux procès de gourous audiencés en cette fin de septembre en sont l’illustration. Le premier est celui du chamane autoproclamé Cyrille Adam, 73 ans, surnommé Loup Blanc. Le second, celui de Jorge Martins Correia, 52 ans, à la tête de l’éco-communauté spirituelle de l’Athanor à Montpellier. L’un concerne des pratiques tantriques, l’autre la transmission d’énergies. Ces deux gourous sont jugés pour des faits criminels de viols. Et dans les deux cas, « on retrouve des mécanismes d’emprise où l’argent, le sexe et le pouvoir se mêlent à des références spirituelles ou pseudo-orientalistes » explique le juriste. Et il ne s’agit pas de cas isolés. L’avocat affirme que l’ADFI dans laquelle il œuvre reçoit deux à trois demandes de victimes potentielles ou familles par semaine.

Le New Age l’inquiète particulièrement. « Il pousse à rejeter la science et l’intellect au profit de l’intuition et de l’expérience personnelle, ouvrant ainsi la voie à des manipulations ». Jean-Pierre Jougla souligne que « ce ne sont pas les croyances elles-mêmes qui posent problème, mais leur utilisation pour instaurer une dépendance ».

Il met aussi en garde contre l’intelligence artificielle qui « peut nourrir de nouvelles croyances, être érigée en religion ou servir à renforcer l’emprise en exploitant les données personnelles pour enfermer les individus dans une vision unique du monde ». 

(Source : Midi Libre, 24.09.2025)