Alerte sur les écoles Waldorf Steiner

Stéphanie de Vanssay, enseignante et militante syndicale à l’Unsa, a découvert récemment la pédagogie Steiner et s’alarme de son succès grandissant dans un article du dossier sur l’obscurantisme paru dans le numéro 79 d’Ufal Info.

Selon elle, l’engouement pour les pédagogies alternatives serait la conséquence du discours défavorable sur l’école publique au sein de laquelle les démarches originales sont peu encouragées et mises en valeur. Si Stéphanie de Vanssay reconnaît que les école Steiner ne sont pas les seuls établissements privés à soulever des questions, elle n’admet pas qu’elles cachent leur appartenance à un courant spirituel qui leur confère un aspect confessionnel.

En France, la vingtaine d’écoles Steiner au sein desquelles sont scolarisés environ 2500 élèves arborent une image positive auprès du grand public qui y voit une pédagogie encourageant la créativité et l’individualité de l’enfant mais ignore tout du contenu ésotérique de l’enseignement.

Or il s’avère que cette pédagogie est l’une des branches de l’Anthroposophie, un mouvement spirituel né de l’imagination de Rudolf Steiner. Son enseignement a pour ambition d’accroître « la capacité de perception spirituelle permettant l’accès à des mondes supérieurs » pour transformer la société « en la fécondant secteur par secteur » (économique, agricole…), l’objectif ultime étant l’avènement d’une « nouvelle civilisation remodelée par l’Anthroposophie ».

Stéphanie de Vanssay reproche à la pédagogie Steiner d’être « un empilement de croyances, de dogmes et de règles », fondé sur des concepts ésotériques et spirituels tels que le karma, l’astrologie, la réincarnation, la croyance en l’existence de différents corps (physique, éthérique et spirituel). Le respect de l’évolution de ces différents corps est à la base du rythme d’apprentissage en vigueur dans les écoles Steiner. Ainsi la lecture n’est abordée que vers l’âge de sept ans, qui correspond au développement du corps éthérique, ce dernier permettrait « une première approche de l’abstraction. » Il faudrait attendre le développement du corps spirituel à l’adolescence pour initier les élèves au raisonnement. « Tout apprentissage trop précoce est vécu comme étant dangereux pour le karma. » Ce même karma dicterait des catégories en fonction desquelles les enfants sont classés par tempérament jusqu’à leur incarnation (colérique, sanguin, mélancolique, flegmatique).

A ces considérations s’ajoutent des activités en lien direct avec l’Anthroposophie : récitation de textes de Rudolf Steiner, pratique de l’eurythmie (« rite ésotérique dansé »).

Stéphanie de Vanssay déplore enfin que ces croyances soient à l’origine de nombreux problèmes dans ces écoles : incitation à éviter la vaccination car mauvaise pour le karma, trop grande proximité entre élèves et professeurs qui a pu conduire à des dérapages, « politique de non-intervention quand les enfants en agressent d’autres » pour ne pas contrarier leur karma. Elle relève enfin que lorsque des scandales éclatent (abus sexuel, violence), ils « sont toujours en adéquation avec une position controversée de Steiner. » .

(Source : Ne laissons pas nos enfants aux mains des gourous scolaires, Stéphanie de Vanssay, Revue Ufal Info, n°79, 4e trimestre 2019)