Restauration rapide et nourriture spirituelle

Plusieurs chaînes de restauration ayant pignon sur rue, et souvent très populaires, diffusent à leurs clients, via une plateforme, des messages religieux. Sans que personne semble s’en offusquer…

Une journée pluvieuse de janvier. Une mère et sa fille embarquent dans la Canada Line en direction de Waterfront pour aller à une exposition d’art. Un trajet ordinaire. Pour une journée tout aussi ordinaire. Jusqu’au moment où leur attention a été détournée vers une publicité étrange. Une affiche suggérant en grands caractères : « Végétaliens, faisons la paix » avec, en plus petit, une référence à Dieu et au paradis et un lien pour se rendre sur le site web Supreme Master TV. Ce site est en fait la plateforme de Ching Hai, dirigeante de la cybersecte Guanyin Famen qui compterait deux millions d’adeptes dans le monde. Elle a fondé la méthode Quan Yin, qui prône un régime végétalien et une pratique de méditation rigoureuse. Hai est également la fondatrice de Celestial Shop, une entreprise de vêtements et d’accessoires, et d’une chaîne de restaurants végétaliens appelée Loving Hut. Selon son site Web, Loving Hut compte plus de 200 succursales, de la Nouvelle-Zélande au Paraguay en passant par le Cameroun. Chaque restaurant fonctionne de manière indépendante, sans esthétique unifiée. La seule exigence est qu’ils diffusent Supreme Master TV (et sa propagande) à leurs clients.

Cette publicité à caractère religieux a suscité, chez cette mère de famille, des questions sur la politique publicitaire de TransLink, l’entreprise de transport responsable de la Canada Line. Si ce genre de publicité n’est pas interdit, la loi exige en revanche la mention d’avertissements. Cette omission a été reconnue par TransLink, qui a promis de « rectifier la situation ».

Quid de la réglementation et de la conscience des consommateurs ?

Mais cette affaire a surtout permis de mettre le doigt sur une situation plus préoccupante : le nombre de restaurants dirigés par des sectes. Parmi eux, Yellow Deli, troisième restaurant le mieux classé dans le Lower Mainland sur TripAdvisor et bénéficiant de 4,5 étoiles sur Yelp. Ce que la plupart des critiques amateurs ne savent probablement pas, c’est qu’il est dirigé par Twelve Tribes (Douze tribus), qui a fait l’objet de plusieurs enquêtes suite à des allégations de maltraitance et d’exploitation d’enfants. Dans le viseur, on trouve aussi Mount Pleasant Vintage & Provisions. Malgré leur réputation troublante, ces établissements restent populaires. Ce qui soulève les questions de la conscience des consommateurs et de la réglementation de l’industrie alimentaire. 

(Source : The Georgia Straight, 10.03.2024)

A lire sur le site de l’Unadfi : Derrière la vitrine des Douze Tribus : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/derriere-la-vitrine-des-douze-tribus/?

  • Auteur : Unadfi