Dérives sectaires dans le Var et les Alpes-Maritimes

Magie noire, sorcellerie, pseudo-médecines… Dans le Var et dans les Alpes maritimes, ces « croyances » semblent attirer de plus en plus d’adeptes. Ce qui inquiète fortement plusieurs associations qui, derrière les rituels, traquent les théories complotistes et les dérives sectaires. C’est ce que révèle une enquête réalisée par Var Matin.

Sur le port de Toulon, « la boutique ésotérique d’Éric Jacques de Mollet prospère » peut-on lire dans Var Matin. S’y croisent toutes sortes de gens. Certains recherchent des livres, d’autres des poupées d’envoûtement ou de la bave de crapaud. Le gérant du lieu dit ne « rien vendre pour faire du mal mais avoir tout ce qu’il faut pour des protections ». Sur les réseaux sociaux, le phénomène est tout aussi inquiétant. « Les vidéos expliquant comment repousser le mauvais œil, se venger ou trouver l’amour puissant deviennent une banalité sur YouTube » constate Didier Pachoud, président du GEMPPI (Groupe d’étude des mouvements de pensées en vue de la protection de l’individu) dont le siège est à Marseille.

« Être sorcier sur TikTok, c’est tendance »

« Ces contenus numériques visent particulièrement les jeunes de 9 à 15 ans et ils augmentent de 30 % tous les trois mois. C’est aujourd’hui tendance d’être sorcier sur TikTok » poursuit Didier Pachoud. « Harry Potter n’y est pour rien. Le monde anxiogène du XXIe siècle est un terreau fertile au développement d’ambiances surnaturelles ». Reste que « ces vidéos établissent que la pensée magique apporte des solutions simples à des questions complexes et elles détruisent l’esprit critique » ajoute Mathieu Porzio, également membre du GEMPPI, qui met en garde contre ces gourous 2.0 et s’est créé différents avatars sur les réseaux sociaux pour démonter ces croyances.

Des formations dans le collimateur

Pour eux, « le développement de la sorcellerie fait partie du mouvement New Age, mélange de spiritualité, de culture de l’étrange, d’ésotérisme et de chamanisme sur lequel se greffent des médecines non conventionnelles et du complotisme. Ce mouvement foisonne dans le Var et les Alpes-Maritimes et ses ramifications multiples sont dans le collimateur de la Miviludes ».

En ligne de mire notamment : la multiplication des formations à des pratiques de soin non conventionnelles (PSNC), délivrant des diplômes non reconnus. Jean-Luc Le Gall, président du Conseil de l’ordre des médecins du Var, confirme cet essor. « Cela permet à certaines personnes d’abuser de la fragilité de patients qui vont jusqu’à abandonner des protocoles de soins et de les exposer à des dérives sectaires ». Dans la commune du Pradet, un centre ayant pignon sur rue, propose ainsi des formations au magnétisme (350 € les deux jours) ou à la moxibustion, décrite comme une stimulation par la chaleur de points d’acupuncture (690 € les quatre jours). « Et ces formations qui tendent à se banaliser invitent parfois à utiliser le compte personnel de formation » remarque Janou Pichon, présidente bénévole de l’ADFI Var, citant en exemple une annonce de formation à la Hijama (application de ventouses sur des points d’acupuncture) diffusée par Pôle Emploi en région parisienne.  

(Sources : Var Matin, 04.11.2023 & 05.11.2023)

  • Auteur : Unadfi