40 % des Français croient en l’astrologie selon un sondage mené en novembre 2020 par l’Ifop et Femme Actuelle, soit huit points de plus qu’en 2000. La proportion la plus forte étant chez les femmes et les jeunes.
Le regain d’intérêt des jeunes et des femmes pour l’ésotérisme et les para-sciences est liés à un besoin de spiritualité qui n’est plus comblé par les religions traditionnelles jugées trop « conservatrices, sexistes ou homophobes ». L’astrologie et d’autres croyances ésotériques « leur permettent donc de cultiver une dimension spirituelle tout en restant en adéquation avec les valeurs qu’ils défendent ».
Pour Louise Jussian, qui a réalisé l’étude pour l’Ifop et Femme Actuelle, l’insécurité sociale touchant particulièrement les femmes pourrait être un facteur favorisant leur l’adhésion à ces croyances qui leur offrent une impression de maîtrise. Le marché de l’ésotérisme en plein boom les cible en effet particulièrement.
Aujourd’hui dépoussiérée, l’astrologie se présente comme féministe et émancipatrice, et se prétend aussi thérapie. De nombreux magazines féminins, mais également généralistes, ouvrent leurs colonnes à des « astro-thérapeutes » comme Leah Philpott, interviewée par Marie-Claire. Cette « psychologue et astrologue » facture ses séances entre 180 et 350 euros…
Pourtant jusqu’à ce jour aucune expérience n’a pu démontrer la véracité des faits avancés par les astrologues. La cartographie du ciel sur laquelle ils basent leurs prédictions « ne correspond à rien de ce qu’on connaît, ni en astronomie ni en physique, déclare Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef du magazine de l’Association française pour l’information scientifique (AFIS). Si beaucoup se retrouvent dans leurs prédictions, explique-t-il, c’est parce qu’une « description de personnalité vague et positive » permet à une majorité de personnes de se reconnaître.
Mais l’astrologie rassure certains en donnant un sens à des événements angoissants. Serge Bret-Morel, auteur de L’Astrologie, ça marche !… Trop écrit avec Élisabeth Feyti, en a été un fervent adepte durant plusieurs années à la suite d’une rupture amoureuse douloureuse. Devenu astrologue, il sera même trésorier de l’Association des astrologues francophones en 2003. Les incohérences qu’il constatait dans le milieu l’ont conduit à essayer de faire la chasse aux pratiques erronées et il s’est rendu compte « qu’il n’y avait rien de démontrable ». Se revendiquant aujourd’hui zététique, il combat « les affirmations pseudoscientifiques de certains astrologues » car elles peuvent avoir des conséquences dommageables pour leurs clients. Et pour le politologue Daniel Boy, s’il est important de garantir la liberté de chacun, « se servir de l’astrologie pour prendre des décisions professionnelles, faire des choix de vie importants, ça peut être dangereux ».
(Source : Marianne, 04.07.2021)