L’astrologie est très en vogue dans les communautés queer, ce qui peut paraître paradoxal : comment une croyance qui enferme les individus dans des destinées préétablies peut-elle être portée aux nues par une communauté qui revendique une approche plus inclusive et plus fluide de l’humain ?

Serge Bret-Morel est un ancien astrologue qui lutte aujourd’hui contre cette croyance. Pour lui, « l’astrologie permet de faire des portraits idéologiques […] c’est un moyen d’enfermer les gens involontairement. »  Comment expliquer alors la présence prégnante de l’astrologie sur les réseaux sociaux, mais aussi sous forme de bijou et de tatouage, au sein de la communauté LGBTQ ? L’article de Charlie Hebdo en donne trois raisons : la première concerne l’éloignement de la religion des personnes qui composent cette communauté, puisqu’elles sont en général nées entre le début des années 1980 et la fin des années 1990. En lieu et place d’un Dieu unique créateur de l’univers, elles croient au pouvoir des astres et à la signification de leur emplacement. La deuxième raison concerne le rejet relatif de la science et de la médecine, domaines où les personnes queer ont longtemps été discriminées. A titre d’exemple, il a fallu attendre 1990 pour que l’OMS retire l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Craignant d’aller consulter par peur de l’hostilité ou de la mécompréhension, les personnes queer préfèrent parfois s’en remettre aux astres. La troisième raison qui expliquerait cet engouement tiendrait très précisément à cette notion d’inclusion chère aux LGBTQ : mondiale, s’inspirant d’une variété de mouvements, la communauté queer emprunte de nombreuses notions mystico-ésotériques à d’autres cultures, notamment celles d’Amérique latine, dont la croyance dans le pouvoir des astres. Somme toute, cette appropriation de l’astrologie par la communauté queer est une réponse à la marginalisation de cette communauté voulue par les institutions. Il est regrettable que le vif succès rencontré par l’astrologie chez les personnes queer ait facilité l’arrivée d’autres disciplines pseudo-scientifiques en lien avec l’astrologie comme la litothérapie, la numérologie, la voyance, la sorcellerie, et bien d’autres. 

(Source : Charlie Hebdo, 24.08.2022)