Serge Bret-Morel a consacré quinze ans de sa vie à l’astrologie avant d’en devenir l’un des plus féroces critiques. Avec un master en histoire et philosophie des sciences en poche, il a d’abord cherché à valider méthodiquement les principes astrologiques, croyant fermement en leur véracité. Au fil de ses recherches, il a découvert de nombreuses incohérences. Jusqu’à conclure que l’astrologie était non seulement scientifiquement infondée, mais aussi et surtout trompeuse et dangereuse.
Dans une interview accordée à L’Express, Serge Bret-Morel explique comment l’astrologie séduit en offrant des réponses simplistes et flatteuses à des questions complexes. Il décrit l’astrologie comme une « machine à produire des coïncidences » qui exploite des biais cognitifs tels que l’effet Barnum, rendant ses pratiquants vulnérables à des croyances fallacieuses. Bien que souvent perçue comme un passe-temps inoffensif, l’astrologie reste profondément enracinée dans la culture populaire, notamment par le biais des médias (principalement la presse féminine) et des réseaux sociaux. Aujourd’hui, Serge Bret-Morel s’inquiète de l’impact de cette omniprésence.
L’ancien astrologue alerte également sur les potentielles dérives sectaires de cette pratique évoquant des consultations individuelles où des personnes fragiles peuvent être manipulées. Il cite des cas où des astrologues ont conseillé à leurs clients de cesser leurs traitements médicaux, illustrant les dangers concrets de l’astrologie.
Malgré ses nombreuses tentatives, Serge Bret-Morel n’a pas réussi à obtenir un soutien académique pour approfondir ses recherches sur l’astrologie, un domaine qu’il juge sous-étudié et largement mal compris. Il déplore le manque de financement et d’intérêt pour un sujet qu’il considère pourtant essentiel pour la société moderne, en raison de l’influence persistante de l’astrologie sur la pensée populaire. Pour lui, il est crucial de mieux réguler la pratique de l’astrologie, voire revenir à d’anciennes législations interdisant la rémunération des activités de divination. Il plaide pour une diffusion plus large de l’information critique sur l’astrologie, afin de sensibiliser le public aux dangers potentiels de cette pratique et de contrer la désinformation qui y est liée.
(Source : L’Express, 16.08.2024)