Le Noël des apostats des sectes polygames

Rejetés par leurs familles pour avoir « trahi » la foi de leur communauté mormone fondamentaliste, d’anciens adeptes réapprennent à vivre la période de Noël sans les leurs souvent dans la tristesse, le déchirement et dans la nostalgie des liens communautaires et familiaux qui ont accompagné leur vie dans le groupe.

Considérée par sa mère comme apostat, Maria Behrmann a quitté sa famille pour échapper à sa communauté, l’Eglise fondamentaliste des Saints des derniers jours (FLDS). Le manque se fait sentir en septembre et octobre, mois d’anniversaires familiaux. Mais le point culminant se fait sentir à Noël. Bien qu’elle ne soit plus attachée aux valeurs religieuses, l’approche de cette fête qui symbolise la famille la déstabilise. Cette année, elle sera entourée de sa fille et de sa cousine, mais il manque à Maria la présence de sa mère qui, si elle avait accepté de venir, aurait pu faire la connaissance de sa petite-fille.

« Si ta main droite t’offense, coupe-la et jette-la, car il est préférable de sacrifier un de tes membres plutôt que ton corps entier soit jeté en enfer ». C’est pour suivre cette recommandation de leur leader que les parents d’Amanda Grant ont poussé leur fille hors de la communauté, la Davis County Cooperative Society, aussi connue sous le nom de Kingston Clan car Amanda préférait assouvir ses propres désirs plutôt que d’obéir aveuglément aux ordres du chef de l’église. Une fois dehors, elle ne devait plus exister aux yeux de sa famille.

La famille d’Amanda compte trois autres apostats. Ils s’assurent chaque année que leurs jeunes frères et soeurs recevront leurs cadeaux de Noël car même s’ils ont conscience d’avoir la chance de pouvoir se retrouver tous les quatre, la présence de l’ensemble de la fratrie leur manque.

Leah Taylor était membre des Frères unis apostoliques. Même si, contrairement à la FLDS, les anciens membres de la communauté ne sont pas nécessairement écartés, les relations sont néanmoins déconseillées. Son père a quitté la communauté quelques années après Leah, mais ses deux épouses et leurs enfants y sont restés. Elle souffre aujourd’hui de ne plus avoir la possibilité de rencontrer les enfants nés après son départ. Elle-même mère d’une petite fille de 6 ans, elle regrette de ne pas pouvoir partager avec les siens des instants festifs comme ceux de Noël.

(Source : Salt Lake Tribune, 17.12.2018)