Religion Unplugged, magazine d’actualité religieuse américain, a publié un article donnant la parole à des spécialistes pour analyser les chiffres de la croissance mormone. Celle-ci semble ralentir et les experts tentent d’expliquer pourquoi.
De par leur habitude d’envoyer des missionnaires partout dans le monde les mormons misent sur ce prosélytisme pour augmenter constamment leur nombre d’adeptes. En 2019, lors de sa conférence générale, le mouvement a fait état d’une légère augmentation du nombre de conversions mais les mormons semblent pourtant connaitre une croissance qui atteint son niveau le plus bas depuis 100 ans aux États-Unis. L’église continue de croître, néanmoins la croissance actuelle n’est que d’un peu plus de 1.5% alors qu’elle était comprise entre 3% et 4% dans les années 1970/1980. Selon Matt Martinich, qui a étudié les effectifs du mouvement, la croissance a chuté dans des pays où le mormonisme connaissait historiquement un franc succès : les Etats Unis, le Mexique ou encore les Philippines. Par contre, le nombre de mormons continue dans certains pays notamment au Brésil qui représente à lui seul 14% de la croissance du groupe en 2019, devançant même les Etats Unis.
Les mormons rencontrent une baisse rapide du taux de natalité malgré la volonté du groupe de mettre en avant les valeurs familiales traditionnelles. En 1981 la moyenne des naissances était de 3,3 enfants par femme mormone alors qu’en 2016 57% des familles mormones avaient moins de trois enfants.
Les missionnaires mormons s’avèrent aussi moins efficaces. En 1989 ils baptisaient chacun en moyenne 8 convertis contre une moyenne de 3.5 en 2017.
Les scandales sur la richesse de l’église, sa position sur l’homosexualité et les droits des femmes, jouent un rôle dans le départ de certains adeptes. Cependant, de nombreux jeunes quittent l’église avant l’âge d’avoir des enfants surtout du fait de la doctrine exigeante et d’un certain mode de vie inculqué par le groupe. Les sortants quittent définitivement le groupe et ne vont pas vers une pratique que l’on pourrait qualifier de moyenne du mormonisme. Ils se détachent totalement de la doctrine du groupe et gardent un puissant ressentiment envers le groupe. À l’opposé les jeunes qui restent sont beaucoup plus dévoués à leur foi que dans les autres mouvements. Pour Jane Riess, journaliste et universitaire mais aussi membre du groupe, ce qui a changé dernièrement c’est que les personnes sortant jeunes du groupe ne reviennent pas. Les ex-adeptes se sont souvent organisés pour apporter de l’aide à de nouveaux sortants, notamment sur les réseaux sociaux, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Pour Patrick Mason, titulaire de lachaire Errington d’histoire et de culture mormone à l’université d’État de l’Utah, le groupe maintient chaque membre baptisé jusqu’à sa mort sauf s’il est excommunié ou si son dossier est retiré suite à une procédure judiciaire. 79,3% des 33 470 demandes de démission ont donné lieu à un retrait des registres du groupe, mais 14,4 % sont restées dans les registres des membres de l’église malgré les efforts déployés pour les supprimer. Le service QuitMormon permet d’obtenir les services d’un avocat pour les procédures nécessaires à la suppression d’un nom dans les registres officiels de l’église. Pour de nombreux sortants, démissionner est un acte de protestation symbolique qui marque que leur nom n’est pas plus rattaché
au mouvement. De plus, pour le spécialiste, beaucoup de personnes reconnues comme mormones ne vont pas aux cultes ou ne se considèrent pas comme véritablement « mormons ».
(Source : Religion Unplugged, 20.04.2020)