Quand pandémie rime avec prosélytisme

Pour Vice, une journaliste a profité du confinement pour tenter d’intégrer la Scientologie. Elle raconte ses premières rencontres avec le mouvement et l’omniprésence qu’il a rapidement pris.

Pour son premier contact avec le groupe, la journaliste a joint le Scientologie Celebrity Centre de Paris qui a pris son numéro de téléphone afin de la recontacter. Elle est rappelée dans la journée par un scientologue pour passer un test de personnalité de 200 questions. Puis plus tard dans la journée son interlocuteur lui propose de suivre un webinaire sur la recherche du bonheur qui s’avère être une promotion des recommandations de la Scientologie pour être heureux. Quelques jours plus tard, elle est rappelée pour les résultats de son test : le scientologue constate qu’elle est déprimée et lui pose des questions relativement personnelles. La journaliste décide de jouer le jeu et se livre sur son passé et ses vulnérabilités. Elle constate le côté empathique et bienveillant de son interlocuteur. Au bout d’un certain temps, il lui parle de Ron Hubbard et de la Scientologie. Enfin il lui propose de se reconnecter avec le meilleur d’elle-même. Pour cela elle doit acheter un cahier d’exercices ainsi qu’un cours de l’organisation. Il lui propose de payer immédiatement via un lien PayPal soulignant que la Scientologie est à but non lucratif et que l’argent permet de faire fonctionner le centre.

La journaliste constate alors une anomalie : le scientologue lui propose de récupérer son cours dans le centre parisien alors que ce dernier, période de confinement oblige, doit être fermé. Son interlocuteur semble décontenancé par les questions sur l’ouverture du centre. La journaliste n’a pas donné de suite à la proposition mais elle a tenu à tout de même se rendre sur place. L’entrée principale est fermée mais une autre porte semble ouverte et contient un écriteau avec un numéro de téléphone. Elle reste devant le bâtiment et constate que des personnes sont à l’intérieur et l’observent. Par la suite elle recevra de nombreux messages de relance de son interlocuteur qui semble s’inquiéter de ne pas avoir de ses nouvelles.

La journaliste a pu constater que sur le site de la Scientologie tout tourne autour du confinement et de la situation actuelle et renvoie parfois à des cours du mouvement. Amusée, elle constate même une vidéo mettant en cause les médias qui accableraientla population de mauvaises nouvelles.

Anne Josso, secrétaire général de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) s’inquiète de la promotion de la dianétique présentée comme une culture du bien-être en cette période de confinement. Par ailleurs, la Miviludes a été avertie de l’ouverture du centre scientologue parisien malgré les restrictions émises par le gouvernement. Le centre aurait même tenté de maintenir un événement avant de se raviser. Anne Josso rappelle qu’aux Etats Unis des bâtiments du mouvement sont restés ouverts et les scientologues vantent une nourriture désinfectée avec de l’eau ozonée et le nettoyage régulier des locaux, y compris des conduits d’air conditionné, avec du Decon 7 un nettoyant et désinfectant.

Dans le même temps, sous couvert de mobilisation pour lutter contre la Covid-19 la Scientologie semble continuer d’assurer sa promotion

Dans plusieurs pays, dont le Canada, des « ministres volontaires » (branche chargée des tâches humanitaires au sein de la Scientologie) distribuent en effet du matériel (désinfectants, paires de gants), des brochures contenant des conseils de base sur le lavage des mains et la distanciation physique et participent à des opérations de nettoyage. Pour d’anciens adeptes de l’organisation cet élan humanitaire n’est qu’une « façade » destinée à assurer la promotion du mouvement. Les ministres volontaires ne serviraient qu’à attirer l’attention et permettre l’approche et le recrutement de nouveaux membres. Pour Stephen A. Kent, professeur à l’Université d’Alberta, qui s’intéresse à la Scientologie, la preuve de cette autopromotion est que les scientologues prennent des images lors de leurs actions et les diffusent notamment sur les réseaux sociaux. Du côté de la Scientologie on affirme que l’organisation fait tout ce qu’elle peut pour aider. Elle propose aussi sur son site un cours gratuit pour aider à soulager les angoisses mentales en ces temps d’isolement et de peur. Le cours accuse les journalistes, les politiciens et les médecins d’êtres les responsables de nombreuses angoisses pour leurs propres intérêts. Selon un article de Radio Canada, le cours stipulerait aussi que les médecins ne sont pas payés au nombre de personnes en bonne santé et donc que plus il y a de maladie, plus il y a de médecins.

(Sources : Vice, 24.04.2020 & Radio Canada,19.04.2020)

 

  • Auteur : Unadfi