L’Opus Dei n’est plus en odeur de sainteté

L’Opus Dei, qui avait tout mis en œuvre depuis 70 ans pour se hisser au même niveau hiérarchique que les diocèses, vient d’être rattaché à la « Congrégation pour le clergé » par le pape François. Le pape confirme ainsi qu’une prélature ne peut en rien être considérée comme équivalente à un diocèse.

Désormais l’Opus Dei devra rendre des comptes. Il ne pourra plus s’établir dans un diocèse et s’affranchir du contrôle de l’évêque. Il devra présenter un rapport « sur la situation interne et le déroulement de son travail apostolique » chaque année, au lieu de tous les cinq ans actuellement. Il devra, en outre mettre à jour ses statuts qu’il a toujours refusé de publier sans ambiguïté selon Golias. Ce nouveau statut laisse une question en suspens : comment les 98% de laïcs qui constituent l’Opus Dei pourraient-ils dépendre d’une Congrégation pour le clergé ?

Une autre actualité vient ternir l’image de l’Œuvre. Une quarantaine de femmes originaires d’Argentine ont dénoncé au Vatican leurs conditions de vie déplorables au sein de l’Opus Dei.

Ces ex-numéraires auxiliaires (personnes au service des membres et des centres de l’Opus Dei) considèrent avoir été réduites en esclavage. Issues de milieux modestes, on leur avait fait miroiter une éducation qui a été restreinte à des travaux ménagers. Embrigadées très jeunes, vers l’âge de 14 ans, et envoyées parfois loin de leur famille, elles se sont retrouvées prisonnières, sous emprise d’une institution qui les persuade qu’elles ont une vocation pour mieux les utiliser et les sanctionner si l’idée de partir leur vient à l’esprit.

Dans la lettre adressée au pape, elles décrivent leur quotidien : 15 heures de travail par jour, six jours sur sept. La plupart ne sont pas rémunérées ou versent leur salaire à l’Opus Dei. Elles n’ont aucune couverture sociale et sont dans l’impossibilité d’évoluer socialement. La surveillance est permanente et les relations avec leur famille sont entravées. Elles n’ont que très peu de temps libre en raison des pratiques de piété imposées par le groupe. Elles sont obligées de se confesser chaque semaine auprès d’un prêtre choisi par l’Œuvre et doivent s’infliger des mortifications corporelles.

Ces conditions de vie ne sont pas nouvelles. En France, elles ont valu une condamnation à l’Opus Dei en 2013 dans une affaire qui l’opposait à une jeune femme restée quinze ans sous son emprise. Sortie très affaiblie du mouvement, grâce à l’intervention de ses parents qui ont menacé le groupe de porter plainte pour non-assistance à personne en danger, la victime affirme avoir subi « un véritable lavage de cerveau ».

En Espagne aussi, plusieurs numéraires axillaires ont obtenu des compensations financières après avoir menacé de dénoncer le groupe pour travail dissimulé. 

(Sources : Golias, 23.06.2022 & 26.08.2022)

  • Auteur : Unadfi