Le professeur Simon Schraub met en garde contre les charlatans et les gourous   

Simon Schraub, professeur émérite de médecine et ancien administrateur de la Ligue nationale contre le cancer, explique dans un entretien au Figaro comment les charlatans peuvent profiter de la vulnérabilité des malades du cancer et comment s’en prémunir.

Il a été exposé à cette problématique dès la fin des années 1990 quand il était membre de la Ligue nationale contre le cancer. A cette époque cette dernière avait élargi ses activités au soutien psychologique des malades. Aussitôt, les comités départementaux de l’association ont été démarchés par des personnes proposant des soins bien-être. Ce qui a conduit la Ligue à essayer « de définir ce qu’est une médecine complémentaire et d’en donner les limites ».

Le professeur différencie le charlatan du gourou même si la frontière est parfois floue. Selon lui le premier trompe les patients en prétendant avoir des compétences qu’il n’a pas ou en proposant des traitements illusoires qu’il sait inefficaces dans le but de s’enrichir ou d’obtenir d’autres avantages. Profitant de la détresse du malade, le gourou va, quant à lui, établir son emprise en le poussant à abandonner son traitement et rompre avec ses proches. « Ceux qui se mettent en travers de sa route seront accusés de retarder la guérison, voire d’être responsables de la maladie. »

Aujourd’hui comme hier, des pseudo thérapeutes dénigrent la médecine conventionnelle et éloignent les malades de soins qui pourraient les sauver.

Si actuellement Thierry Casasnovas1 est dans le collimateur de la Miviludes, il n’est pas le premier à avoir défendu les bienfaits du crudivorisme comme panacée contre la maladie. Dans les années 1980, Guy Claude Burger, gourou de l’instinctothérapie2, s’était déjà illustré en prétendant que sa thérapie pouvait soigner le cancer ou le sida. Il fut condamné pour exercice illégal de la médecine et abus sexuels.

Ce fut également le cas de l’allemand Ryke Geerd Hamer3, contre lequel le professeur Schraub avait témoigné dans son procès. Il défendait l’idée selon laquelle le cancer résulte d’un choc psychologique qu’il faut combattre à l’aide des capacités naturelles d’auto-guérison du malade et d’une psychothérapie. Il prônait en outre le rejet de la chimiothérapie et de la morphine, accusées selon ses dires d’être « utilisées par une conspiration juive à des fins génocidaires ».

Les malades ont recours à ce genre de thérapies en espérant mettre toutes les chances de leur côté et améliorer leur vie, explique Simon Schraub. Certains se laissent avoir par des promesses de guérisons miraculeuses souvent présentées avec des éléments de langage pseudoscientifique, tandis que d’autres recherchent ce qui paraît naturel « par opposition à une médecine jugée intrusive et toxique ». Leur détresse psychologique est une manne pour les gourous qui leur offrent la chaleur humaine dont ils ont besoin.

Pour éviter aux patients de tomber dans le piège, Simon Schraub préconise de fuir ceux qui promettent une guérison miraculeuse et dénigrent la médecine conventionnelle. Il conseille aussi aux proches de ne pas infantiliser le malade qui serait attiré par des pratiques non conventionnelles et, le cas échéant, de rassembler les informations inquiétantes et faire un signalement à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). 

(Source : Le Figaro, 16.08.2022)

1 Lire sur le site de l’Unadfi : https://www.unadfi.org/mot-clef/regenere/

2 Lire e sur le site de l’Unadfi : https://www.unadfi.org/mot-clef/instinctotherapie/

3 Lire sur le site de l’Unadfi : https://www.unadfi.org/mot-clef/biologie-totale-methode-hamer/

  • Auteur : Unadfi