
A l’approche de Noël, d’anciens membres de l’Opus Dei se sont exprimés en ligne. Principalement numéraires ou assistantes numéraires, ils dénoncent tous une organisation abusive. Cette organisation qu’ils appelaient autrefois familièrement « l’Œuvre » représente aujourd’hui « l’enfer ».
À l’approche de Noël, des souvenirs sont remontés à la surface. Et avec eux, le besoin de partager. Un ancien membre, qui a consacré une partie de sa vie à la pauvreté, l’obéissance et la chasteté au sein de l’organisation catholique, décrit cette période comme « l’enfer ». Un autre se souvient d›un temps marqué par « le travail non-stop et la solitude ». En ligne, les langues se sont alors déliées. Plusieurs ex-numéraires racontent que leur « directeur local » leur interdisait de passer les fêtes avec leur famille, affirmant que leur « vraie » famille était désormais celle des membres de la résidence. « Tous les cadeaux reçus étaient collectés et redistribués ailleurs », ajoute l’un d’entre eux.
Les récits les plus poignants concernent les assistantes numéraires, recrutées dès leur adolescence dans des écoles d’hospitalité gérées par l’Opus Dei. Promettant une éducation et une vie meilleure, l’organisation les poussait à accepter un service non rémunéré sous prétexte que c’était la volonté de Dieu. « On nous a dit que refuser équivalait à condamner nos familles à une éternité en enfer », se souvient une ancienne assistante, recrutée à l’âge de 16 ans. Elle évoque avec émotion ces « petites sœurs », qui cuisinaient, nettoyaient et servaient les numéraires, mais qui n’avaient pas le droit de se promener dans la rue sans être accompagnées.
Une intervention du pape espérée en 2025
En 2024, des procureurs argentins ont accusé l’Opus Dei de trafic d’êtres humains et d’exploitation par le travail. Ils reprochent à l’organisation de cibler les jeunes filles issues de milieux modestes et de les faire travailler comme domestiques non rémunérées à travers le monde. Une plainte similaire a été déposée auprès du Vatican en 2021 par des dizaines d’anciennes numéraires sud-américaines, dénonçant des abus de pouvoir et de conscience.
Le Vatican, qui a légitimé l’organisation et lui a donné un statut spécial, envisage une intervention officielle en 2025. Pour ces témoins, « si cela arrive, les catholiques américains ne pourront plaider l’ignorance au sujet des abus de l’Opus Dei. Quels que soient les bénéfices spirituels que l’organisation apporte aux individus, aucun chrétien ne peut justifier de tels gains personnels s’ils sont basés sur un système d’abus et de manipulation à l’égard des membres numéraires ». En attendant, l’Opus Dei continue de se présenter comme un groupe visant à « aider les autres à vivre leur foi plus profondément ».
(Source : National Catholic reporter, 14.01.2025)
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