Révélations glaçantes sur un engrenage d’emprise et d’abus

Plus d’un an après l’interpellation de Gregorian Bivolaru et des cadres de la secte Misa, RTL a obtenu le témoignage poignant d’Ashley, une ancienne adepte. Lavage de cerveau, abus sexuels, et rituels dégradants… Son récit confirme les rouages d’une organisation accusée d’avoir exploité des milliers de membres dans le monde entier.

Le 28 novembre 2023, un vaste coup de filet coordonné par l’Office central de répression contre les violences aux personnes (OCRVP) a mis au jour les activités occultes du Misa (Mouvement pour l’intégration spirituelle dans l’absolu), une secte de yoga tantrique. Le gourou Gregorian Bivolaru, interpellé en région parisienne, est accusé de traite d’êtres humains, viols, et séquestration. Bien qu’il nie les faits, il a été placé en détention provisoire.


Un jargon parfaitement orchestré


« Dès le début, le lavage de cerveau autour de tout ce qui concerne le sexe était très intense », confie Ashley à la juge d›instruction française. En 2017, alors passionnée par la spiritualité et la méditation, elle franchit les portes de la branche londonienne du Misa. Mais les cours de yoga classiques se transforment rapidement en cauchemar. Strip-teases, rituels sexuels, ingestion d›urine… Des pratiques justifiées par un jargon spirituel savamment orchestré. « Ils parlent d›énergie sexuelle et d›amour tantrique, jamais de sexe », explique la trentenaire qui avoue avoir eu des relations avec de nombreux partenaires, hommes et femmes. « On vous apprend aussi à stopper vos règles et ne pas avoir de honte érotique… Les orgies sont monnaie courante ».
Me Rodolphe Bosselut, avocat d’Ashley et de cinq autres plaignantes, décrit un conditionnement psychologique insidieux : « On enseigne une version personnelle du yoga tantrique, qui finit par dériver sur quelque chose d’éminemment sexuel. C’est un processus de manipulation profonde ».
Ashley raconte aussi des camps organisés en Roumanie et en Hongrie, mêlant méditation et humiliations publiques, mais aussi des tournages de films pornographiques. Elle confie avoir accepté de poser nue pour éviter de payer des frais de stage exorbitants. Ce qu’elle ignorait, c’est que les clichés auraient ensuite été transmis à Gregorian Bivolaru. Le gourou dément catégoriquement.


Une reconstruction difficile


En juillet 2019, Ashley est conduite à Paris pour son « initiation », sorte de consécration ultime au sein du mouvement, « le but à atteindre ». Son téléphone, son passeport et sa carte bancaire lui sont confisqués, ses valises sont fouillées et elle est contrainte de signer un accord de confidentialité. Lors de son entrevue avec Bivolaru, qu’elle décrit comme « brutale et dégradante », elle prend conscience de l’ampleur de la situation : « Je pensais que c’était une opportunité spirituelle, mais c’était dégoutant… Aujourd’hui, je peux dire que c’était en fait un viol ».
Ashley a quitté le mouvement en 2021. Non sans difficulté. Elle dit avoir subi des menaces et du harcèlement de la part de l’organisation. Toujours en proie à des douleurs physiques et des flashbacks, elle tente de se reconstruire : « Je m’inquiète des dommages psychologiques et physiques de mon passage dans cette organisation. J’ai été aveuglée et c’est difficile à accepter ». Ce que confirme Me Bosselut : « L’engrenage est long et insidieux. Les victimes mettent parfois des années à comprendre l’ampleur de l’emprise subie. »


(Source : RTL, 16.01.2025)


A lire aussi sur le site de l’Unadfi : 41 personnes interpellées dans une secte de yoga tantrique, le gourou écroué : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/41-interpellations-dans-une-secte-de-yoga-tantrique-le-gourou-ecroue/

  • Auteur : Unadfi