Une soixantaine de scientifiques et d’agriculteurs ont signé, début février, une tribune dans Le Point. Ils dénoncent l’infiltration de l’anthroposophie dans des instituts comme l’INRAE et le CNRS.

A l’heure où certains grondent contre pesticides, OGM et surconsommation carnée, l’agriculture biodynamique s’invite au débat. Et elle est loin de faire l’unanimité.

La biodynamie a été théorisée en 1924 par Rudolf Steiner, tout comme l’anthroposophie, doctrine occulte inspirée de la théosophie. L’agriculture biodynamique puise ainsi sa source dans des concepts ésotériques et mystiques. S’ils concèdent que « chacun est bien sûr libre de ses croyances » et s’ils ne reprochent rien à ceux qui pratiquent l’agriculture biodynamique, des enseignants, chercheurs et agriculteurs dénoncent en revanche « la position ambigüe de certaines institutions publiques et les liens contradictoires entre le monde de la recherche et un mouvement philosophico-religieux ». La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? L’annonce d’une série de conférences, organisée par le MABD (Mouvement pour l’agriculture biodynamique) du 19 mars au 7 mai, où interviendront des chercheurs de l’Université de Strasbourg, du CNRS et de l’Inrae. Pour les signataires de la tribune, « leur présence permet de douter de la place de l’esprit critique au sein de grands instituts de recherche publique française et impacte leur crédibilité vis-à-vis du grand public ». A la lecture du programme de ces conférences, ils s’interrogent sur « les références à la conscience quantique, à la réanimation du monde ou encore les influences cosmiques sur la vie des plantes ». Ils contestent « l’utilisation de la science comme tentative de légitimer une pratique non scientifique ». 

(Source : Libération, 13.02.2024)

Lire sur le site de l’Unadfi, Que sait-on du mouvement anthroposophique : https://www.unadfi.org/wp-content/uploads/2018/09/Le-mouvement-anthroposophique.pdf