Jeûne, yoga, bien-être… et dérives sectaires  

Le yoga, le jeûne ou encore le crudivorisme n’ont rien de problématique en soi. Reste que certaines pratiques sont présentées comme des remèdes miraculeux et constituent une porte d’entrée vers des groupes sectaires.

« Atteindre la meilleure version de soi-même, exploiter son plein potentiel, devenir son propre leader, autant de promesses que font des entrepreneurs aux titres et diplômes variés, souvent sans reconnaissance d’un organisme officiel », observait la Miviludes dans son rapport de décembre 2022. Elle mettait en garde contre l’attrait pour « un idéal qui ne serait accessible qu’au travers de l’enseignement d’un guide détenteur d’une méthode miracle » qui peut aller jusqu’à la soumission.

Un vrai business

Et dans le secteur du bien-être et de la santé, qui repose sur une quête individuelle de personnes cherchant des réponses parfois alternatives, les mouvements sectaires se sont déployés ces dernières années, grâce à Internet notamment. En 2017 déjà, l’Unadfi observait ainsi que « le yoga était dévoyé de sa philosophie originelle par les Occidentaux pour devenir la raison de vivre de certains ». Selon la Miviludes, l’augmentation croissante du risque sectaire aurait aussi trouvé un terreau fertile avec la pandémie de Covid-19 et une remise en cause de la médecine traditionnelle, les critiques trouvant leur source dans des théories complotistes. Une chose est sûre : ces thématiques profitent économiquement aux gourous. Plus que les dons, les ventes de services divers (cours, stages…) sont devenues un vrai business. Pour preuve : sur les 3118 derniers signalements traités par la Miviludes, 70 % concernaient des pratiques de soins non conventionnelles. Des chiffres corroborés par la Cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires (CAIMADES) de la Police judiciaire, qui constate que la majorité des affaires qu’elle traite concerne des pseudo-thérapeutes et coachs en développement personnel, pour des infractions à caractère sexuel, des infractions financières ou une pratique illégale de la médecine.

« Pas de remède miracle »

Spécialiste des dérives sectaires, la psychothérapeute Sophia Ducceschi explique que des faisceaux d’indices peuvent alerter sur une possible dérive sectaire. « Il faut se méfier si la personne qui anime une activité pose des questions très personnelles, s’il y a des contacts physiques qui mettent mal à l’aise, si après un stage on veut vous convaincre d’assister à un séminaire, puis à une cure et parfois à des retraites à l’étranger » énumère-t-elle, rappelant que « l’emprise s’installe insidieusement et que le remède miracle n’existe pas. La théorie unique inventée par untel ou untel qui fait du bien à tout le monde est à proscrire ». 

(Sources : BFMTV.com, 30.11.2023 & Yahoo Actualités, 29.11.2023)

  • Auteur : Unadfi