Mort de Daisaku Ikeda, dirigeant de la Soka Gakkai

Pacifiste autoproclamé, dirigeant de la secte bouddhiste Soka Gakkai, considérée comme la plus influente du Japon, Daisaku Ikeda s’est éteint ce 15 novembre à l’âge de 95 ans. Un homme qui restera entre l’ombre et la lumière. Charismatique et controversé.

Etablie en 1930, la Soka Gakkai est considérée comme la branche laïque du courant Nichiren Shôshû lui-même issu du bouddhisme Nichiren qui a vu le jour au XIIIe siècle. Daisaku Ikeda a fait de la secte Soka Gakkai une organisation internationale et a réussi à implanter cette école bouddhique dans 192 pays et régions. Philosophe, éducateur, auteur et poète (comme le présente son site), il a, selon le premier ministre japonais Fumio Kishida, « joué un rôle important dans la promotion de la paix, de la culture, de l’éducation et a laissé une trace significative dans l’histoire ».

A la tête de la Soka Gakkai depuis 1960, il l’a dotée d’une université, puis d’un quartier général. Ce qui lui a permis de jouer un rôle dans la politique nippone et de rencontrer plusieurs dirigeants importants, du secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger à Nelson Mandela en passant par Mikhaïl Gorbatchev. En 1964, il a créé une branche politique, le parti Kômeitô (« parti d’un gouvernement propre »), qui deviendra indépendant de la religion sept ans plus tard. Depuis 1999, il était l’allié du Parti libéral démocrate au pouvoir dirigé par Fumio Kishida. Le mouvement a aussi séduit des stars, de la chanteuse Tina Turner au footballeur italien Roberto Baggio.

Disparu des circuits en 2010

Né à Tokyo en 1928 dans une famille de cultivateurs d’algues, Daisaku Ikeda a vécu une adolescence marquée par la seconde guerre mondiale, la mobilisation de ses frères et la mort de son père, qui l’ont obligé à travailler dès l’âge de 14 ans. Dans le chaos de l’après-guerre, il a adhéré au bouddhisme et fait la rencontre de Josei Toda, le deuxième dirigeant de la Soka Gakkai, auquel il succèdera. Le mouvement revendique aujourd’hui 12 millions de membres dont 8 millions au Japon.

Marié et père de trois garçons, dont l’aîné est aujourd’hui vice-président de la Soka Gakkai, il a toujours milité pour la bienveillance. Mais il n’a pas pour autant fait l’unanimité. Dans un livre publié en 2013, d’anciens adeptes le décrivent comme « narcissique et avide de pouvoir ». Tout au long de son règne, la Soka Gakkai a été accusée de faire pression sur les croyants pour qu’ils fassent des dons généreux à l’organisation et d’être impitoyable avec ceux qui pouvaient la critiquer, sans parler des commissions occultes.

A la suite d’une série de scandales, Daisaku Ikeda a disparu de la vie publique en 2010. En dehors de son cercle très restreint, personne n’a su où il était passé depuis 13 ans. 

(Sources : Le Monde, 18.11.2023 & nippon.com, 20.11.2023)

  • Auteur : Unadfi