Travail dissimulé, châtiments corporels sur les enfants, culture de la surveillance : des ex-membres de la secte des Douze Tribus témoignent

Le nom de la communauté des Douze Tribus (The Twelve Tribes) s’est retrouvé placardé dans la presse du Colorado au début de l’année 2022 après qu’un incendie destructeur s’est déclaré le 30 décembre 2021. Le feu s’est étendu sur 2500 hectares, brûlant sur son passage habitations, bâtiments et forêts.  L’enquête n’a pas encore permis d’en identifier la source, mais les soupçons pèsent sur une cabane qui a pris feu dans l’enceinte d’un camp où est installée la communauté des Douze Tribus. D’anciens membres ont saisi cette occasion pour parler de leur expérience dans les médias. Le Denver Post, un quotidien du Colorado, publie ce mois de mars une longue série de témoignages.

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Des dérives sectaires au sein d’une école juive orthodoxe

Une quinzaine de responsables d’une école juive orthodoxe, la yeshiva Beth Yossef basée à Bussières (Seine-et-Marne), ont été placés en garde à vue la suite d’une intervention de la police le 31 janvier dernier. Ils sont soupçonnés de maltraitances physiques et psychologiques. À la suite de ces interpellations, sept dirigeants ont été mis en examen pour « violences aggravées ».

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Une ancienne élève du Foyer de Charité de Courset dépose plainte

Le 17 décembre 2021, une plainte pour agression sexuelle et violence a été déposée « contre X et contre le Foyer de Charité de Courset en tant qu’institution », auprès du parquet de Boulogne-sur-Mer, par une ancienne élève de l’institution.

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Sept membres d’une secte condamnés à 50 ans de prison

Le tribunal de Bocas del Toro (Panama) a condamné sept membres de la secte « La Nueva Luz de Dios » à 50 ans de prison, la peine maximale encourue au Panama. Deux autres membres du groupe avaient, précédemment, été condamnés à 47 ans de prison après avoir passé un accord avec la justice.

Ils étaient accusés d’avoir, lors d’une cérémonie d’exorcisme, tué six enfants, âgés d’un an à 17 ans, et une femme enceinte.

Le 14 janvier 2020, la femme avait été assassinée devant cinq de ses enfants, et un autre mineur. Ils avaient eux-mêmes été battus à mort par la suite, le tout en présence des autres membres du groupe. Ce sont des témoins de la scène, eux-aussi victimes de violences, qui ont alerté la police après avoir réussi à fuir.

Selon Claire Nevache, chercheuse au Centre international d’études politiques et sociales du Panama, l’affaiblissement des cultes institués serait à l’origine de l’infiltration d’églises animées de « mauvaises intentions » parmi les populations locales qui souffrent déjà de l’absence des autorités.

Ainsi en 2020 trois membres d’une autre secte avaient été arrêtés après avoir enlevé et violé six enfants. L’enquête de la police avait mené à l’arrestation du gourou et à la découverte d’une fosse commune cachée dans la jungle. 

(Source : Sud-Ouest, 04.12.2021)

Pour rappel, lire sur le site de l’Unadfi : Découverte macabre d’une fosse commune : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/decouverte-macabre-dune-fosse-commune/

« Amour et Miséricorde » : la parole des témoins

Le groupe de prière fondé par la « voyante », Eliane Deschamps, jugée pour abus de faiblesse, est décrit dès 2002 par plusieurs témoins et proches de ses adeptes comme un collectif qui joue sur la manipulation mentale de ses fidèles.

Une des parties civiles au procès, Marie-France, explique avoir dès cette époque perdue tout contact avec son fils. Il lui avait annoncé qu’il avait « envie de changer d’air […] pour se rapprocher du groupe Amour et Miséricorde ». « Il est devenu très distant, le dialogue était impossible ». à
45 ans, il est resté membre et adepte de la communauté et a coupé les relations avec sa mère.

Magalie Breux, une des filles de la « voyante », a quitté le groupe au bout de dix ans. Elle raconte les visions de sa mère, ses « apparitions » de la vierge, les pèlerinages et les défilés des fidèles dans la maison familiale. Elle décrit les brimades, les humiliations et l’emprise que sa mère a exercée sur elle. « On n’avait pas de vie sociale en dehors de la communauté ». Ce qu’elle décrit semble être un processus avéré d’emprise, de rupture, mais aussi de pression financière. « Jésus prend possession de son corps et lui dit que les adeptes doivent se détacher de leurs biens les plus chers ». Les adeptes devaient en effet donner leurs bijoux ou des tableaux et versaient une pension de 300 à 350 euros par mois, parfois même déposaient régulièrement des sommes allant jusqu’à 5 000 euros.

« J’ai eu une vie d’esclave pendant dix ans : je faisais le ménage tous les jours à fond, je faisais la cuisine, j’obéissais, j’étais en soumission totale, sous emprise », témoigne à la barre Brigitte Delecourt, autre adepte pendant dix ans.

A l’inverse de ces témoignages, certains membres actuels de la secte sont venus au procès pour tenter de convaincre de leur « liberté », assurant qu’ils ne se considéraient ni sous emprise ni sous influence.

Un des avocats des parties civiles fustigent ces témoignages « positifs », qui relèvent selon lui d’une « entreprise cosmétique » visant à masquer l’emprise.

« Eliane dirigeait tout », dit Gwenola Boucher-Doigneau, ex-adepte, qui a quitté la secte à 25 ans. « Je la divinisais, j’aurais tout fait pour elle. Je me serais jetée d’une falaise si elle me l’avait demandé ». Elle raconte que la gourelle lui avait, entre autres, interdit de demander une péridurale lors d’un accouchement. Elle l’avait également forcée à rédiger une lettre à son père pour lui faire savoir « qu’il n’était plus son père ».

La sœur de Gwenola, Isabelle, et sa mère Brigitte avaient rejoint le groupe. « On était tous collés à Eliane comme la bernique à son rocher », dit cette dernière. Pierre, son mari et père de Gwenola, qui a tout fait pour faire sortir sa famille du groupe, analyse comment l’emprise a pu s’opérer. « Tout s’est fait progressivement, par la séduction ».

« C’est une véritable fabrique de l’état de faiblesse », explique une psychologue spécialiste du fait sectaire citée à la barre lors du procès. « L’individu passe de sujet à objet à travers la coupure avec son réseau d’appartenance ».   (Sources : Le Figaro, 23.11.2021 & France Bleu Bourgogne, 22.11.2021 & Le Parisien, 22.11.2021 & elle.fr, 23.11.2021 & TV5Monde, 22.11.2021)

Maternité et soumission des femmes dans un mouvement chrétien fondamentaliste

Le mouvement Quiverfull qui prône une lecture littérale de la Bible repose sur deux fondements idéologiques : la soumission totale des femmes à leur mari et le refus de toute planification des naissances.

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Trois ans de prison avec sursis pour le fondateur de l’Angélus

L’abbé Spinoza a été condamné à trois ans de prison avec sursis pour violence et maltraitance sur des élèves de l’Angélus, un établissement scolaire hors contrat qu’il avait fondé en 2010. Il a, en outre, été reconnu coupable de travail dissimulé par le tribunal correctionnel de Bourges.

Sous le patronage du Bon Pasteur, l’école ouverte à Presly dans le Cher accueillait une centaine d’élèves de la primaire à la terminale, jusqu’à sa mise sous scellée par la préfecture en juin 2017.

L’affaire a éclaté en 2017, après qu’une famille et des enseignants, anciens membres de l’Angélus ont dénoncé des faits de violences auprès de la direction de l’Académie. Les enquêteurs avaient rassemblé une cinquantaine de témoignages d’élèves, dont une vingtaine ont relaté des faits de violences et « deux ou trois » des agressions sexuelles. Ils avaient dénoncé des coups de poing, des gifles, des privations de nourriture (de la nourriture périmée avait été retrouvée lors des perquisitions), l’absence de chauffage ou l’obligation d’effectuer des tâches ménagères pour lesquelles aucun personnel n’était employé.

Finalement deux familles et l’association La Voix de l’enfant se sont portées parties civiles contre l’abbé, décrit par le substitut du procureur de Bourges comme un gourou qui aurait institutionnalisé la violence et organisé la terreur. Il n’a présenté aucune excuse aux victimes présentes.

Le parquet avait requis à l’encontre de l’abbé une peine de trois ans de prison, dont un ferme mais la cour n’ayant pas retenu «  le caractère habituel des violences », il écope d’une peine avec sursis. Cependant le parquet a été suivi dans ses autres réquisitions et l’ecclésiastique n’a plus le droit d’enseigner ni de pratiquer des « activités rémunérées ou bénévoles au contact de mineurs pour une durée de dix ans ». Il a en outre, été condamné à verser un euro symbolique à l’association La Voix de l’enfant, et 20 000 € de dommages et intérêts aux autres plaignants.

Concernant les accusations de travail dissimulé, l’abbé Spinoza a été condamné à dédommager l’Urssaf Centre-Val de Loire à hauteur de 101 371 € pour les cotisations sociales non versées entre 2014 et 2017. A l’époque des faits, le prêtre avait fait rédiger une convention de bénévolat par un avocat pour se couvrir – ce dernier était partie civile au procès. Plusieurs bénévoles étaient payés 15 euros de l’heure en liquide, tandis que des enseignants et des surveillants bénéficiaient d’avantages en nature.

Deux autres prévenus, eux aussi accusés de violence, ont écopé de peines plus légères. 

(Source : La Croix, 24.11.2021)

Pour en savoir plus sur l’affaire lire sur le site de l’Unadfi : Perquisition dans une école hors contrat du Cher  https://www.unadfi.org/actualites/domaines-dinfiltration/education-periscolaire-et-culture/perquisition-dans-une-ecole-hors-contrat-du-cher/

J’ai passé mon enfance dans une secte religieuse – Le Speech de Joseph

Séquestrations, tortures, violences sexuelles, c’est ce qu’a vécu Joseph, membre de la communauté de Malrevers (43) jusqu’à ses quatorze ans.

18 ans après avoir quitté le groupe, il témoigne de son enfance coupée du monde, faite de brimades et de maltraitances pour lesquelles il vient de porter plainte.

Jusqu’en sixième il n’avait jamais quitté la communauté qui fonctionne en autarcie et dont les membres se marient entre eux. Proche de la Famille, une communauté restée secrète jusqu’à récemment, elle s’en différencie par la façon d’élever les enfants qui sont soustraits à leurs parents dès la naissance et élevés en commun. L’amour filial est prohibé et les discussions sur l’amour et la sexualité sont inexistantes.

Les enfants dormaient en dortoir, surveillés par un adulte appelé le « passeur » qui les réveillait parfois brutalement en touchant leur entrejambe pour vérifier s’ils n’avaient pas eu de pensées « impures » durant la nuit.

L’enseignement était délivré au sein de la communauté jusqu’au CM2. Là aussi chaque faute de comportement était sanctionnée par des coups, les punitions allant crescendo avec l’âge. Finalement, Joseph connaîtra des semaines de séquestration dans une cave dont il ne sortait que le soir pour dormir.

Joseph raconte comment il a été corrigé pour avoir chahuté avec son cousin Daniel. Emmené dans une cave, il est injurié, frappé et violé avec un bâton en punition d’un comportement jugé comme « homosexuel » par Joël Fert, le dirigeant du groupe.

En 2003, des traces de coups découverts sur son cousin, scolarisé dans un collège, amènent l’ouverture d’une enquête. À la suite de cela Joseph et sa famille seront chassés de la communauté pour cacher les maltraitances qui lui avaient été infligées ainsi qu’à son frère par le leader du groupe.
Celui-ci sera condamné en 2008 à un an de prison dont dix mois avec sursis pour violences sur mineurs.

En 2019, c’est une visite à l’improviste dans la communauté qui lui fera prendre conscience de la nécessité de porter plainte afin que ses membres réalisent la gravité de ce qu’ils ont fait.  

(Source : Facebook, Konbini, 31.10.2021)

Pour en savoir davantage sur cette affaire lire sur le site de l’Unadfi :  https://www.unadfi.org/mot-clef/communaute-de-malrevers/

Voir la vidéo : https://www.facebook.com/watch/?v=866768784008827&t=0