Hillsong, derrière une apparente modernité, beaucoup de conservatisme

L’Église pentecôtiste australienne Hillsong ne cesse de développer son audience et son patrimoine financier. Fondée en 1983 en Australie par Brian Houston et sa femme Bobbie, elle étend aujourd’hui son influence dans une vingtaine de pays. D’après son rapport d’activité de 2017, l’Église affiche un revenu annuel de 110 millions de dollars.


Hillsong doit notamment sa popularité à la musique. Ses quatre groupes ont déjà produit pas moins de 63 albums. En 2018, l’une de leur chanson a gagné un Grammy Award dans la catégorie musique chrétienne. Outre la musique, la recette du succès de l’Église repose sur une stratégie mêlant shows spectaculaires, sermons rejetant une théologie trop aride, forte présence sur les réseaux sociaux et activités sociales. Ce dynamisme lui a permis d’attirer à elle un public jeune, composé à 70% de moins de 34 ans.

Aux États-Unis, le mouvement est incarné par le pasteur Carl Lentz, un quadragénaire branché dont les sermons mêlent citations bibliques et pop culture. Le pasteur, qui ne craint pas d’exposer ses signes extérieurs de richesse, peut se vanter d’avoir ramené le chanteur Justin Bieber « dans le droit chemin ». Depuis, les deux hommes sont devenus inséparables, à tel point que l’interprète a emménagé chez le pasteur. Son investissement dans l’Église a pris des proportions telles que ses proches s’inquiètent, à l’image de son ami le rappeur Post Malone qui se confiait au magazine Rolling Stone à propos du fanatisme de Justin Bieber, accusant le groupe de l’exploiter financièrement. Selon lui, il aurait déjà versé 10 millions de dollars à l’Église.

Derrière son apparente modernité, cette Eglise diffuse des idées extrêmement conservatrices. Comme beaucoup d’Églises évangéliques, elle est défavorable à l’avortement et ne voit pas d’un bon oeil l’homosexualité. En 2015, les deux chefs de chœurs de sa chorale new-yorkaise ont ainsi été renvoyés à cause de leur homosexualité considérée comme un péché. A ce propos, Brian Houston n’a pas manqué de rappeler que « l’Église ne soutient pas un mode de vie gay et pour cette raison ne peut sciemment avoir d’employés homosexuels ». Évoquant le cas de son père accusé d’abus sexuels sur mineurs, il suggère un lien de causalité entre une possible homosexualité refoulée et des actes pédophiles.

Quant aux hétérosexuels, ils sont évoqués dans le livre de l’ex-adepte Tanya Levin, People in Glass Houses : an insider’s Story of a life in & out of Hillsong. L’Église exerce une pression sur les fidèles dès le plus jeune age, pour les pousser à se marier. Ceux qui ne sont pas en âge de le faire sont encouragés à s’y préparer tout en préservant leur virginité. Selon Tanya Levin, la seulé façon d’exister pour les femmes c’est le mariage : « les femmes n’occupent aucune place dans la hiérarchie chrétienne, elles ne sont rien de plus qu’un produit dérivé d’Adam ».

Autre problème soulevé dans l’ouvrage, les sollicitations financières auprès des fidèles. Mais ce qui a le plus choqué Tanya, c’est le silence du mouvement à propos des crimes commis par le père du fondateur, lui-même pasteur d’une église en Australie, qui a profité de sa position pour abuser six enfants. Décédé en 2004, il n’a jamais été condamné.

(Source : Slate, 05.04.2019)

Lire sur le site de l’Unadfi :

La jeunesse chrétienne au rythme de Hillsong : https://www.unadfi.org/domaines-dinfiltration/education-periscolaire-et-culture/etats-unis-la-jeunesse-chretienne-au-rythme-de-hillsong/

Intérêt mutuel : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/interet-mutuel/