Dans les colonnes de The Guardian, Daniel Allen Cox raconte ce à quoi il a été confronté après avoir fait son coming-out alors qu’il faisait partie des Témoins de Jéhovah. Il raconte les années qui ont suivi et l’ostracisme à son égard de la part de ses proches et du groupe.
Daniel Allen Cox cachait depuis des années sa réelle orientation sexuelle pour avoir une chance de vivre éternellement et survivre à l’apocalypse comme le défendent les Témoins de Jéhovah.
Peu de temps après une soirée où il avait exprimé son attirance envers un garçon, un ancien de sa congrégation l’appelle afin de savoir s’il était homosexuel et s’il avait l’intention de tourner le dos à Jéhovah et de décevoir sa famille, sa communauté. Les rumeurs circulent vite dans une communauté aussi fermée. Il décide alors d’écrire sa lettre de dissociation qu’il remet à la congrégation.
Rapidement, les membres de l’organisation y compris sa famille l’ont évitée. Pour eux cette exclusion devait l’encourager à revenir dans le groupe. Au fur et à mesure des années, il s’aperçoit des séquelles laissées par l’emprise au sein de ce groupe.
Après sa sortie, il réalise la difficulté à s’adapter à la vie à l’extérieur surtout sans éducation ni diplômes. Le groupe décourage bien souvent ses adeptes de suivre une scolarité longue, la jugeant inutile alors que l’apocalypse est imminente. En tant qu’ex-adepte il a aussi été témoin des dommages causés par les croyances jéhovistes : l’ostracisme, le manque d’éducation, le refus de transfusion, le traitement épouvantable des femmes, la non-protection des enfants contre les abus sexuels ou encore l’interdiction d’être homosexuel, queer ou trans.
L’auteur rappelle que les Témoins de Jéhovah utilisent la peur de l’apocalypse afin de mettre sous emprise leurs adeptes. Dans cette perspective la pandémie leur a permis d’affiner leurs techniques en présentant le virus comme un signe que la fin du monde est proche. Pour Daniel Allen Cox, cet épisode a renforcé l’emprise et l’enfermement des adeptes. Pendant cette période, ces derniers ont envoyé des courriers aux anciens membres afin qu’ils reprennent contact avec leur congrégation en ces temps difficiles.
Enfin, il évoque la difficulté pour les ex-adeptes à écrire et à publier leurs histoires. Ils craignent parfois de rompre davantage les relations ténues qu’ils peuvent avoir avec des proches qui font encore partie du groupe. De plus, le groupe supprime les anciennes publications de ses bibliothèques si bien que les anciens membres ne peuvent plus accéder aux documents avec lesquels ils ont été endoctrinés. Pour rédiger son ouvrage, Daniel Allen Cox a utilisé des documents personnels qu’il a conservés : sa carte refusant les transfusions, un vieux journal intime où il écrivait mot pour mot ce qui était dit par la Watch Tower.
Il souhaite que son livre permette à d’autres de prendre conscience de leurs histoires, quelle que soit la communauté à laquelle ils appartenaient.
(Source : The Guardian, 10.05.2023)